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La République démocratique du Congo (RDC) et le groupe rebelle M23 ont signé, ce 19 juillet à Doha au Qatar, une déclaration de principes en vue d'un cessez-le-feu permanent et de l'ouverture de négociations pour un accord de paix global. Le texte, paraphé en présence du ministre d'État qatarien aux Affaires étrangères, vise à mettre fin aux combats dans l'est congolais et à engager un processus politique encadré par le droit international.
Ce document constitue une avancée diplomatique après des mois de tensions armées, qui ont provoqué des milliers de morts, déplacé des centaines de milliers de personnes et aggravé les risques de déstabilisation régionale. Il intervient dans un contexte d'intenses efforts de médiation menés par le Qatar depuis avril, avec le soutien actif des États-Unis.
Le M23, groupe rebelle principalement tutsi, est accusé d'être soutenu par le Rwanda. Depuis janvier, ses combattants ont conquis plusieurs zones stratégiques dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, y compris Goma, capitale économique de l'est du pays. Kinshasa, qui qualifiait jusqu'ici le mouvement de terroriste, refusait toute négociation directe avec ses représentants. Une rencontre organisée en mars entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, également à Doha, a néanmoins permis de débloquer la situation en appelant à un cessez-le-feu " immédiat et inconditionnel ".
La déclaration de principes signée ce 19 juillet formalise cet engagement. Elle interdit toutes formes d'hostilités – attaques armées, sabotages, propagande haineuse – et prévoit la mise en place d'un mécanisme de supervision et de vérification du cessez-le-feu. Les parties s'engagent à coopérer avec les organisations internationales et régionales, dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la RDC, pour protéger les civils et garantir l'application du texte.
Les signataires conviennent aussi d'un ensemble de mesures de confiance, dont la création, avec l'appui du Comité international de la Croix-Rouge, d'un dispositif permettant la libération de détenus identifiés par les deux parties. Le retour des réfugiés et des personnes déplacées devra se faire dans des conditions jugées sûres, volontaires et dignes, en conformité avec le droit humanitaire international et sous l'égide de mécanismes tripartites impliquant la RDC, les pays d'accueil et le HCR.
Sur le plan politique, les discussions doivent aboutir à la signature d'un accord de paix global d'ici le 18 août 2025. Une première série de négociations directes est prévue au plus tard le 8 août. Ce processus devra s'aligner sur l'accord bilatéral signé le 27 juin à Washington entre la RDC et le Rwanda sous médiation américaine, qui prévoit notamment le retrait des troupes rwandaises de l'est congolais et la fin du soutien aux groupes armés étrangers tels que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
L'adhésion du M23 à cette dynamique constituait l'un des maillons manquants du dispositif diplomatique. Bien que le groupe rebelle ne soit pas inclus dans l'accord de Washington, la médiation qatarie a permis de l'intégrer à un processus parallèle, désormais convergent.
La déclaration signée à Doha prévoit que la restauration de l'autorité de l'État dans les zones actuellement occupées devra faire l'objet d'un accord politique détaillé, dont le calendrier et les modalités seront négociés ultérieurement. Ce point reste sensible, tout comme les garanties exigées par Kigali, qui subordonne le retrait de ses troupes au désarmement " irréversible et vérifiable " des FDLR.
Le texte est entré en vigueur immédiatement après signature. Il a été signé pour la RDC par Sumbu Sita Mambu, représentant du président Tshisekedi en charge des processus de Luanda et de Nairobi, et pour le M23 par Benjamin Mbonimpa, secrétaire permanent du mouvement.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 19/07/25 16:04
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