L'affaire fait grand bruit à Abuja. En effet, la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC), l'agence publique nigeriane de lutte contre la corruption, a annoncé l'émission d'un mandat d'arrêt contre l'ancien ministre nigerian du Pétrole (de 2019 à 2023), Timipre Sylva âgé de 61 ans, pour des accusations de complot et de détournement de près de 15 millions de dollars (8,5 milliards FCFA) de fonds publics. Cette nouvelle, relance le débat sur la gouvernance du secteur pétrolier et ravive les tensions politiques à moins d'un an des prochaines échéances électorales.
Selon le communiqué officiel de l'EFCC, les faits reprochés à l'ex-ministre concernent l'utilisation présumée frauduleuse de cette somme provenant du Conseil nigérian de développement et de surveillance du contenu local (NCDMB). Ces fonds devaient financer la participation publique dans Atlantic International Refinery and Petrochemical Ltd, une société censée construire une raffinerie modulaire dans le delta du Niger. L'agence anticorruption accuse M. Sylva d'avoir “comploté et converti de manière malhonnête” ces fonds à des fins personnelles, une allégation que son entourage rejette vigoureusement.
Le mandat d'arrêt, signé le 6 novembre dernier, par un juge de la haute cour fédérale de Lagos, autorise la détention immédiate de l'ancien ministre, afin qu'il soit interrogé par la commission. L'EFCC a également publié un avis de recherche national avec photo et détails personnels, invitant tout citoyen disposant d'informations sur sa localisation à contacter ses bureaux ou le poste de police le plus proche.
L'entourage de Sylva dénonce une ‘'manœuvre politique''
Du côté de l'accusé, la riposte n'a pas tardé. Son porte-parole, Julius Bokoru, cité des sources locales, a dénoncé une ‘'campagne de dénigrement'' motivée, selon lui, par des considérations politiques. ‘'Le projet de raffinerie en question est une entreprise légitime, transparente et vérifiable. Toutes les transactions sont documentées'', a-t-il assuré, précisant que Timipre Sylva se trouve actuellement au Royaume-Uni pour des raisons médicales et qu'il compte répondre à la convocation de l'EFCC dès son retour.
Il faut signaler que l'affaire Sylva intervient alors que le gouvernement du président Bola Tinubu tente de relancer la production nationale et d'attirer de nouveaux capitaux dans le raffinage, afin de réduire la dépendance du pays aux importations de carburant. Mais ce scandale vient rappeler que la transparence et la reddition de comptes demeurent les talons d'Achille du secteur pétrolier nigérian. Au-delà de la personnalité de Timipre Sylva, c'est la crédibilité même des institutions publiques et la volonté politique de rompre avec les pratiques du passé qui sont mises à l'épreuve.
Narcisse Angan
Publié le 12/11/25 12:13