Le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), André Wameso Nkuanoloki, a annoncé mercredi 8 octobre, dans un entretien accordé à Reuters, que l'institution va commencer à constituer des réserves d'or afin de "soutenir la monnaie nationale et renforcer la stabilité financière"
Selon le gouverneur, la BCC veut adosser une partie de ses réserves à l'or, en complément du dollar américain, sa principale devise de référence. "Parmi les premières décisions que j'ai prises figure la constitution de réserves d'or pour la Banque centrale", a-t-il déclaré. L'objectif est double: accroître la solidité du franc congolais (CDF) et réduire la dépendance du pays aux devises étrangères.
Cette décision intervient alors que les prix mondiaux de l'or ont franchi un record historique au-dessus de 4 000 dollars l'once le 8 octobre, selon les données du World Gold Council (WGC). Le métal jaune a gagné plus de 50 % depuis le début de l'année, stimulé par les achats massifs de banques centrales cherchant à se prémunir contre les tensions géopolitiques et les incertitudes monétaires.
La RDC, dixième producteur africain avec environ 40 tonnes métriques extraites en 2024 d'après le WGC, n'avait jusqu'ici pas intégré l'or dans la composition de ses réserves. Une part importante de sa production artisanale échappe d'ailleurs au circuit formel, transitant par les pays voisins et alimentant, selon la BCC, les groupes armés actifs dans l'est du pays.
Interrogé sur les volumes d'or que la banque centrale prévoit d'acquérir, André Wameso a répondu laconiquement. "Le ciel est la limite." Le gouverneur n'a pas précisé quand ni comment ces achats débuteront. Il a toutefois souligné que l'or doit devenir "la principale source de développement de notre économie grâce à la solidité financière et monétaire de la Banque centrale".
Cette réorientation intervient dans un contexte de renforcement du franc congolais. Depuis la mi-septembre, le CDF s'est apprécié d'environ 9 % face au dollar américain, selon la BCC. Ce redressement, salué par le président Félix Tshisekedi lors du Conseil des ministres du 3 octobre, résulte d'une coordination accrue entre politique monétaire et discipline budgétaire.
D'après le communiqué publié à l'issue du conseil mentionné supra, la une hausse de la demande de francs liée au relèvement des réserves obligatoires des banques, le retrait temporaire de liquidités par le Trésor au moment des échéances fiscales, et les interventions ciblées de la BCC sur le marché des changes expliquent cette tendance.
L'institution espère désormais consolider cette dynamique grâce à l'ancrage de la monnaie nationale sur un actif tangible comme l'or. Selon Wameso, une telle garantie pourrait à terme favoriser l'échange du franc congolais à l'international, ce qui renforcerait sa crédibilité et sa stabilité.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 09/10/25 14:49