Le Tchad s'est engagé dans une opération de redressement budgétaire ambitieuse dans le cadre de sa demande d'un nouvel accord de quatre ans au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC), selon les documents publiés par le Fonds monétaire international (FMI) le 10 octobre 2025. Ce programme, qui s'inscrit dans un contexte de fortes tensions sur les finances publiques, vise à rationaliser les dépenses de l'État, améliorer la gestion des ressources humaines et redonner de la marge aux investissements prioritaires et sociaux.
Selon le rapport des services du FMI et la déclaration de l'administrateur pour le Tchad, le gouvernement tchadien prévoit de réduire les dépenses non essentielles afin de dégager l'espace budgétaire nécessaire à l'augmentation des dépenses sociales, qui devraient passer de 4,6 % à 4,9 % du PIB non pétrolier. Cette orientation s'accompagne d'un objectif précis. Celui de ramener la masse salariale à 6 % du PIB non pétrolier d'ici 2030, contre 6,8 % en 2024.
" Les autorités s'engagent à rationaliser les dépenses courantes pour créer une marge de manœuvre en faveur des investissements et des dépenses sociales ", peut-on lire dans la déclaration des services du FMI.
Pour atteindre cet objectif, les autorités ont décidé de geler les recrutements dans la fonction publique, tout en renforçant le contrôle des effectifs au sein des institutions autonomes. Seules exceptions : environ 2 000 intégrations sont prévues dans les secteurs prioritaires de la santé et de l'éducation, ainsi que dans le cadre du processus de réconciliation nationale, qui prévoit des compensations pour d'anciens membres de groupes armés.
Le gouvernement mise également sur les outils numériques pour améliorer la transparence et la qualité des dépenses publiques. Les applications e-Visa (dédiée aux formalités de visa) et e-Notaires (connectant le ministère des Finances aux services juridiques) font partie des réformes soutenues par le FMI. Plus largement, la mise en œuvre effective du recensement biométrique des agents de l'État devrait, selon les autorités, éliminer les doublons et nettoyer les bases de données de la fonction publique. " Les réformes numériques permettront de renforcer la traçabilité et d'améliorer la qualité des dépenses publiques ", souligne le rapport des services du FMI.
L'un des autres volets clés de la stratégie budgétaire tchadienne concerne l'investissement public. Le gouvernement s'est engagé à porter les dépenses d'investissement à 4,6 % du PIB non pétrolier, soit plus du double de la moyenne historique (2 %). Pour appuyer cet effort, une base de données intégrée au SIGFiP (Système intégré de gestion des finances publiques) sera mise en place afin d'assurer un meilleur suivi et une allocation plus efficiente des projets d'investissement.
Le FMI estime que ces mesures, si elles sont effectivement mises en œuvre, pourraient rétablir la soutenabilité budgétaire et réduire les vulnérabilités structurelles du pays, tout en préservant les dépenses sociales essentielles. Mais les risques d'exécution demeurent élevés, notamment en raison du contexte sécuritaire et de la forte dépendance aux revenus pétroliers.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 30/10/25 17:15