Célestin SANON, DG du Trésor : ‘’La qualité de la signature de l’Etat burkinabé est irréprochable’’

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Célestin SANON, directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique du Burkina Faso :  

La qualité de la signature de l'Etat burkinabé est irréprochable

Le Burkina Faso sera un acteur actif du marché financier régional de l'UEMOA cette année où il compte lever 300 milliards FCFA. Une première opération a été lancée le 11 mars dernier en vue de mobiliser la moitié, soit 150 milliards FCFA. A cette occasion, Célestin Santéré SANON, le directeur général du Trésor, s'est ouvert à Sika Finance.

Dans cette interview exclusive, il revient en détail sur l'opération ainsi que la stratégie d'endettement d'un pays résilient, sûr de sa signature.

 

Le Burkina est confronté à d'importants défis et a dû faire preuve de résilience avec la crise de la Covid-19. Comment se porte l'économie nationale ?

L'activité économique au Burkina Faso en 2020 s'est déroulé dans un environnement socioéconomique difficile, impacté par la pandémie de la COVID-19, après une installation quelque peu défavorable de la campagne agricole, la persistance des attaques terroristes entrainant un déplacement interne des populations et par la poursuite des remous sociaux. En dépit du contexte difficile, le taux de croissance du PIB afficherait une progression de 2,5% en 2020 contre 5,7% en 2019, imputable principalement au secteur primaire (+6,3%).

 

Vous lancez un emprunt obligataire en vue de mobiliser 150 milliards FCFA. Quelles sont les caractéristiques de l'opération et à quoi sont destinés ces fonds ?

Les caractéristiques de l'opération se présentent comme suit :

  • TPBF 6,50% 2021-2031
  • Montant de l'opération : 150 000 000 000 F CFA
  • Nombre de titres : 15 000 000
  • Durée de l'emprunt : 10 ans dont 2 de différé
  • Valeur nominale unitaire : 10 000 FCFA
  • Prix de vente de l'obligation : 10 000 FCFA

L'émission a pour objet le financement des investissements inscrits au budget de l'Etat au titre de l'année 2021 notamment dans les domaines des infrastructures routières, énergétiques et hydro agricoles.

(...) investir dans ces titres permet aux investisseurs de participer au financement du développement du Burkina Faso

 

Pourquoi les investisseurs devraient-ils souscrire à cette opération ?

Les avantages de l'opération sont de plusieurs ordres. On peut citer essentiellement d'une part l'inscription des titres de l'opération à la cote de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières ainsi que leur admission au refinancement de la BCEAO. Ce qui fait de ces titres des placements très liquides. Et d'autre part, l'autre avantage à relever parmi tant d'autres est la périodicité semestrielle de remboursement.

En outre, c'est une opportunité d'investissement rentable et sûr. Rentable au regard du taux d'intérêt de 6,50% et de l'exonération fiscale pour les résidents du Burkina Faso. Sûr car il l'existe un mécanisme qui permet au Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR) de disposer les fonds nécessaires au remboursement de chaque échéance. Ce mécanisme consiste à l'ouverture d'un compte séquestre et l'émission d'un ordre de virement irrévocable du Trésor Public donné à la BCEAO. Cette émission d'emprunt obligataire bénéficie également de la garantie souveraine de l'État du Burkina Faso qui n'a jamais fait de défaut de paiement

Par ailleurs investir dans ces titres permet aux investisseurs de participer au financement du développement du Burkina Faso.

La signature de l'État du Burkina Faso n'a jamais fait de défaut de paiement.

 

C'est la deuxième fois que l'Etat du Burkina lance une émission avec une maturité de 10 ans. Pourquoi un tel choix ?

Ce choix vise à allonger la maturité moyenne de la dette publique en conformité avec la stratégie d'endettement du Burkina Faso.

Cet emprunt vise à allonger la maturité moyenne de la dette publique …

 

Depuis janvier 2020 jusqu'à cette mi-mars 2021, on a pu comptabiliser que le Burkina a levé 932 milliards FCFA sur le marché monétaire régional sur des maturités de 3 mois à 7 ans. Au niveau du marché financier régional par contre, ce ne sont qu'un peu moins de 273 milliards FCFA qui ont été mobilisés sur la période en 2 opérations adossées à des maturités de 8 ans. Comment expliquez-vous que le marché monétaire soit l'option la plus privilégiée pour les émissions ? Faut-il y avoir là le fait que le recours au marché vise moins les projets d'investissement ?

Il faut dire qu'il existe deux procédures d'émission des obligations du Trésor. Il s'agit de la procédure par voie d'adjudication pilotée par l'Agence UMOA Titre et la procédure par syndication ou appel public à l'épargne effectuée avec le concours des Sociétés de Gestion et d'Intermédiation (SGI).

Les deux options sont avantageuses.

La règlementation communautaire offre le choix aux Etats de recourir aux obligations du Trésor aussi bien par syndication que par adjudication.

Il convient de souligner qu'en plus des émissions d'obligations du Trésor, les bons du Trésor sont admis par la voie d'adjudication uniquement. La procédure par la voie d'adjudication est beaucoup plus simplifiée que la voie de syndication.

Pour la syndication, le marketing économique et politique de l'économie du Burkina, à travers l'émission d'un emprunt obligataire sur le marché financier régional, permet d'atteindre deux objectifs : 

  • réaffirmer la bonne santé financière du Burkina, approfondir la confiance des investisseurs personnes morales et personnes physiques en l'économie du Burkina ; 
  • profiter de l'occasion pour expliquer aux citoyens, particulièrement ceux de la diaspora burkinabè, les grands projets à venir.

L'émission par la voie de syndication est généralement utilisée pour des emprunts à maturités plus longues et des montants plus élevés que celles par adjudication.

Le fait que les bons et obligations du Trésor sont admis par adjudication explique en partie le volume élevé contrairement à la syndication où on ne peut émettre que des obligations du Trésor.  

Le fait de recourir au marché monétaire ne veut pas dire qu'on vise moins les projets d'investissement ... 

Le recours au marché adjudicataire ne veut pas dire qu'on financera moins les projets d'investissement. Sur ce marché, en plus de la possibilité d'émission des titres à court terme destinés essentiellement à faire face aux gaps de trésorerie (bons du Trésor), on peut également mobiliser à moyen et long terme pour le financement des projets (généralement des obligations de 3, 5 et 7 ans).

 

Plus globalement, quelle est aujourd'hui la stratégie d'endettement de l'Etat burkinabé ?

L'objectif de la gestion de la dette demeure la satisfaction des besoins de financement de l'Etat tout (i) en lui permettant de faire face à ses obligations de paiement au moindre coût possible, (ii) en maintenant les risques à un niveau satisfaisant et (iii) en réalisant les autres objectifs des Autorités, notamment le développement des marchés financiers.

La Stratégie de Gestion de la Dette à Moyen Terme (SDMT) entend poser les bases d'un meilleur endettement pour couvrir de façon efficiente l'important besoin de financement que nécessite la mise en œuvre du Nouveau Référentiel de Développement.

La SDMT traduit la volonté du gouvernement de parvenir à une gestion optimale de la dette, conforme aux standards internationaux.

La SDMT traduit la volonté du gouvernement de parvenir à une gestion optimale de la dette, conforme aux standards internationaux.

Les principaux axes de la stratégie se résument comme suit :

- maintenir le recours aux ressources concessionnelles pour le financement des besoins de l'économie. Les financements extérieurs libellés en Euro seront privilégiés au regard de leur faible coût et du risque de change peu élevé qu'ils présentent ;

- recourir aux emprunts extérieurs non concessionnels libellés en euro en conformité avec le programme économique et financier du FMI ;

- maintenir et renforcer le recours du Burkina Faso au marché financier régional de l'UEMOA.

La stratégie du pays lui permet d'honorer à bonne date ses engagements (…) et de pérenniser l'excellente qualité de sa signature …

En conclusion, le Burkina Faso poursuivra sa politique prudente d'endettement public en couvrant l'essentiel des besoins de financement par des emprunts concessionnels ou non. A cet effet, le gouvernement s'est inscrit résolument dans une stratégie de gestion de la dette publique qui répond aux normes internationales et sous régionale et lui permet d'honorer à bonne date ses engagements vis-à-vis de ses créanciers et de pérenniser l'excellente qualité de sa signature auprès des investisseurs.

 

Quel est votre point de vue concernant la liquidité actuelle du marché ? Une telle surliquidité est-elle un bon signal pour nos économies ?

Le marché financier semble est être très liquide. Cette liquidité serait expliquée par la bonne santé financière du système bancaire d'une part, et le ralentissement du financement de l'activité économique en lien avec la covid-19 d'autre part.

 

Pour 2021, quelles sont vos ambitions de levée sur le marché régional ?

Le programme indicatif de l'année 2021 des bons et obligations du trésor pour le Trésor Public du Burkina Faso prévoit de lever sur le marché financier régional 300 milliards de FCFA dont 150 sur 10 ans en mars et 150 milliards au deuxième trimestre sur 10 ans également.  

Nous allons lever au total 300 milliards FCFA sur le marché financier régional cette année.

 

Un dernier mot pour exhorter les investisseurs, institutionnels et particuliers, à se mobiliser autour de cette émission ?

C'est un investissement sûr et rentable. J'exhorte donc les investisseurs Burkinabè voire de la sous-région à participer massivement à cette émission car elle permettra également au Burkina Faso de continuer sa politique d'investissements structurants pour le bien-être des populations et le développement de l'économie nationale.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 02/04/21 16:58

1 commentaire sur cet article. Participez à la discussion.
OA junior


06/04/21 15:12
Merci à SIKA FINANCE pour cette interview. Ca été une occasion pour le Trésor du Burkina, à travers son DG, d'échanger sur sa stratégie d'endettement et de rassurer davantage les investisseurs. Comme l'a souligné le DG, le Trésor Burkinabé a toujours honoré à bonne date ses échéances de remboursement. Donc les investisseurs ne doivent pas avoir de crainte ni hésiter un instant à souscrire aux bons et obligations qu'emettent le Trésor du Burkina. Le Burkina Faso est connu pour sa crédibilité et son respect des échéances de remboursement.

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