Fitch maintient la note du Tchad à ''B-'' mais la dépendance pétrolière reste un risque majeur

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L'agence de notation Fitch Ratings a confirmé, le 27 octobre 2025, la note souveraine de long terme en devises étrangères du Tchad à ‘B-', assortie d'une perspective stable. Une décision qui traduit, selon Fitch, l'équilibre entre la progression des fondamentaux macroéconomiques du pays et la persistance de fragilités structurelles, notamment la dépendance à l'or noir et la faiblesse de la gouvernance publique.

Dans son analyse, Fitch souligne que le déficit budgétaire du gouvernement central s'est fortement réduit, passant de 0,9 % du PIB en 2023 à 0,1 % en 2024, grâce à une hausse des recettes non pétrolières et à une meilleure maîtrise des dépenses d'investissement. Cette amélioration s'explique notamment par le renouvellement des licences de deux opérateurs de téléphonie mobile, qui a dopé les revenus publics.

Le ministère tchadien des Finances, dans un communiqué daté du 28 octobre 2025, s'est félicité de cette confirmation de notation, y voyant " la reconnaissance de la solidité des fondamentaux macroéconomiques du pays, soutenus par des réserves extérieures importantes, une consolidation budgétaire continue et le soutien constant des partenaires financiers ".

Fitch note également que la dette publique du Tchad reste relativement faible, à 29,2 % du PIB en 2024, bien en dessous de la médiane des pays notés ‘B'. Elle devrait atteindre 31 % du PIB en 2027, selon les projections de l'agence. La structure de cette dette demeure jugée " favorable ", car 50 % du stock est constitué de prêts concessionnels, majoritairement accordés par des bailleurs officiels.

L'agence mentionne néanmoins des faiblesses de gestion des finances publiques, illustrées par l'apparition d'arriérés extérieurs envers certains créanciers multilatéraux et bilatéraux. Ces retards témoignent, selon Fitch, de capacités administratives limitées dans la gestion de la trésorerie publique.

La dépendance pétrolière demeure un frein
La notation reste pénalisée par la forte exposition de l'économie tchadienne au secteur pétrolier, qui représente une part essentielle des recettes publiques. Fitch prévoit une baisse moyenne des recettes pétrolières à 4,9 % du PIB entre 2025 et 2027, en raison d'une chute attendue des cours mondiaux du brut, qui viendrait neutraliser les gains liés à la mise en exploitation de nouveaux champs.

En parallèle, les recettes non pétrolières devraient se stabiliser autour de 6,6 % du PIB sur la même période, portées par les réformes fiscales engagées dans le cadre du programme appuyé par le FMI. Fitch s'attend toutefois à un léger creusement du déficit jusqu'à 1,1 % du PIB en 2025, avant qu'il ne se stabilise en moyenne à 2,1 % du PIB entre 2026 et 2027.

Fitch salue par ailleurs l'accord conclu en juillet 2025 avec le Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre d'un nouveau programme de Facilité élargie de crédit (FEC) d'un montant de 625 millions de dollars, soit 325 % de la quote-part du Tchad. L'agence considère cette coopération comme " un ancrage de politique économique solide " susceptible de renforcer la crédibilité des réformes budgétaires.

Le gouvernement tchadien partage cette lecture. Son communiqué précise que cet engagement avec le FMI " constitue un levier supplémentaire pour attirer des investissements privés, notamment dans l'énergie et les transports ", tout en renforçant la confiance des partenaires internationaux dans la trajectoire de réformes du pays.

En maintenant la perspective " stable ", Fitch estime que les progrès observés — discipline budgétaire, dette modérée, engagement avec les bailleurs — compensent les risques liés à la gouvernance et à la dépendance pétrolière.

Selon le communiqué officiel, la réussite du plan national " Tchad Connexion 2030 ", qui vise à " diversifier l'économie, renforcer le capital humain et développer les infrastructures ", pourrait à terme ouvrir la voie à une amélioration de la notation.

Mais pour l'heure, Fitch rappelle que tout affaiblissement des finances publiques, une hausse rapide de la dette commerciale, ou une détérioration du contexte sécuritaire pourrait conduire à une révision à la baisse. À l'inverse, une hausse durable des recettes non pétrolières et une meilleure gestion budgétaire constitueraient les conditions d'un relèvement futur de la note.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 31/10/25 12:36

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