Annoncée comme la bouée de sauvetage du Grand Libreville, la centrale flottante " Deniz Sultan " de la société turque Karpowership peine à remplir sa mission. Arrivée depuis septembre au large des côtes gabonaises, cette unité censée injecter 150 mégawatts supplémentaires dans le réseau national d'électricité reste partiellement inactive. En cause, une incompatibilité technique entre les installations de la SEEG et celles du navire, qui empêche l'exploitation optimale de la capacité de production.
L'administrateur directeur général de la SEEG, qui a récemment reconnu des problèmes structurels, parle de pertes annuelles avoisinant 40 milliards FCFA. Une hémorragie financière attribuée à la vétusté des équipements, aux fuites techniques et à une gestion interne perfectible. Le recours à Karpowership devait marquer une rupture, mais l'expérience tourne pour l'instant à l'énigme technique et contractuelle. Selon plusieurs sources internes, la puissance du navire turc ne peut être intégrée sans réadapter le réseau, ce qui repousse une fois encore la promesse de "stabilité énergétique" faite aux habitants du Grand Libreville.
Conscient des limites du modèle actuel, le gouvernement a adopté en Conseil des ministres un plan de restructuration majeur de la SEEG. Celui-ci prévoit la scission de la société en deux entités distinctes : l'une dédiée à l'eau et l'autre à l'énergie. Un comité a déjà été mis en place pour piloter cette séparation stratégique, censée améliorer la gouvernance, la transparence et l'efficacité opérationnelle. L'objectif affiché est de recentrer les missions, réduire les pertes et mieux préparer l'arrivée d'investisseurs ou de partenaires techniques.
Mais sur le terrain, les réalités demeurent inquiétantes. Entre les groupes électrogènes qui tournent en continu et les entreprises contraintes de réduire leurs horaires, la facture économique s'alourdit. Plusieurs zones industrielles fonctionnent en sous-régime, freinant la relance promise après la transition. Dans les ménages, la colère monte face à des coupures qui durent parfois jusqu'à dix heures d'affilée. Malgré la présence du "Deniz Sultan", les gains attendus ne se traduisent toujours pas dans la vie quotidienne.
Idrissa Diakité
La Rédaction
Publié le 30/10/25 18:11


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