Investi 4e président d’Afreximbank, George Elombi définit ses chantiers pour les 5 ans à venir

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Près de trois décennies après avoir rejoint Afreximbank comme juriste, George Elombi prend les rênes de l'institution avec la vision de faire de la banque le moteur d'une Afrique qui produit, transforme et commerce sur ses propres bases. Son discours d'investiture, prononcé le 25 octobre 2025 au Caire, en Egypte marque une inflexion stratégique majeure, celle du passage d'une banque de financement du commerce à une véritable institution de développement intégrée au service de la souveraineté économique du continent.

‘'Nous ne pouvons pas commercer si nous ne produisons pas, et nous ne pouvons pas produire si nous ne transformons pas'', a résumé le nouveau président d'Afreximbank dans un ton à la fois ferme et visionnaire. Par ces termes, se dessine l'ambition de repositionner l'Afrique au cœur des chaînes de valeur mondiales.

Dr George Elombi entend en effet mettre un terme à ‘'l'exportation de potentiel brut''. Sa priorité est d'accélérer la transformation locale des ressources stratégiques, qu'il s'agisse du lithium de la République démocratique du Congo ou de la bauxite de Guinée et du Nigeria.

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Ainsi, la banque prévoit la création d'un Programme de développement des minerais stratégiques, doté d'un guichet de financement spécifique pour accompagner la production de biens semi-finis et finis sur le continent. L'objectif est de capter davantage de valeur ajoutée, créer des emplois qualifiés et renforcer les recettes en devises.

Cette stratégie s'inscrit dans la continuité de l'œuvre de son prédécesseur, Professeur Benedict Oramah, mais avec un accent plus marqué sur l'industrialisation intégrée et la résilience financière africaine.

Intra-africanité et infrastructures, les deux piliers du mandat Elombi

Pour réussir cette transformation, le nouveau président mise sur deux leviers structurants. Le premier est l'approfondissement du commerce intra-africain, moteur naturel de l'industrialisation. Afreximbank compte renforcer son appui à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) à travers la digitalisation des échanges et la montée en puissance de plateformes comme Africa Trade Gateway et PAPSS, le système panafricain de paiement et de règlement. Un programme d'accélération de la ZLECAf accompagnera les PME dans leur adaptation aux règles du commerce continental.

Le second pilier repose sur les infrastructures de commerce, maillon souvent négligé du développement africain. Routes, ports, entrepôts, corridors ferroviaires et réseaux énergétiques figurent au cœur du plan de George Elombi. Afreximbank lancera une initiative de ‘'Shared Integrated Infrastructure Ecosystem'', un dispositif de financement innovant basé sur des partenariats public-privé et une coordination régionale accrue.

‘'Relier les centres de production aux marchés est essentiel pour réduire le coût du commerce et libérer le potentiel industriel de l'Afrique'', a-t-il martelé devant un parterre de chefs d'État, de ministres et de dirigeants d'institutions financières africaines et caribéennes.

Une monnaie numérique panafricaine pour renforcer l'intégration financière

Fidèle à son pragmatisme, Dr George Elombi veut aussi placer l'innovation et la technologie au cœur de son mandat. Sous sa présidence, la banque ambitionne de devenir un acteur de premier plan dans la digitalisation des paiements, la finance dématérialisée et l'intelligence artificielle appliquée au commerce.

Il a notamment lancé l'idée d'une monnaie numérique panafricaine, ou stablecoin, pour renforcer l'intégration financière et réduire la dépendance aux devises étrangères dans les échanges intra-africains. Une proposition audacieuse qui pourrait, à terme, changer la donne pour la convertibilité des monnaies et la fluidité du commerce intercontinental.

Mobiliser le capital africain mondial

Autre chantier majeur, la mobilisation du capital africain mondial. Conforme à la vision panafricaniste qui caractérise Afreximbank depuis sa création, Dr George Elombi veut reconnecter les flux financiers de la diaspora et des fonds souverains africains avec les besoins de financement du continent.

Sous sa houlette, la banque développera des instruments de co-investissement et des véhicules dédiés pour canaliser ces capitaux vers des projets industriels, logistiques et technologiques. ‘'Trop souvent, le capital africain finance la croissance ailleurs. Il est temps qu'il finance la prospérité ici'', a-t-il insisté, évoquant le lancement d'une Commission Afrique Globale, coprésidée par Olusegun Obasanjo et P.J. Patterson, pour renforcer les liens entre l'Afrique et les Caraïbes.

Avec un ton volontariste, Dr Elombi a fixé un objectif ambitieux, celui de porter le bilan d'Afreximbank à 350 milliards de dollars d'ici dix ans, soit huit fois son niveau actuel. Cette expansion s'appuiera sur la montée en puissance du financement industriel, une gestion rigoureuse du capital et une croissance soutenue des revenus liés aux filiales du groupe (FEDA, AfrexInsure, etc.).

Cette trajectoire vise à faire de la banque ‘'un pilier systémique du financement du développement africain'', capable de rivaliser avec les grandes institutions multilatérales mondiales.

Anticipant les attaques de certains acteurs internationaux dénonçant une prétendue ‘'dérive de mission'' d'Afreximbank, George Elombi a fermement répondu : ‘'Transformer la structure du commerce africain n'est pas une dérive, c'est la mission même de la banque''. Il a dénoncé les pressions extérieures visant les institutions africaines indépendantes, estimant que leur succès dérange plus qu'il n'inquiète.

Pour lui, l'autonomie institutionnelle et la protection juridique d'Afreximbank, garanties par son traité constitutif, sont des remparts essentiels à la poursuite de ses objectifs.

De nationalité camerounaise, George Elombi incarne la continuité et l'expertise interne d'Afreximbank. Entré à la banque en 1996 comme simple juriste, il en a gravi patiemment tous les échelons pour en devenir l'un des principaux architectes institutionnels. En près de 30 ans de carrière, il a successivement occupé les fonctions de juriste principal, directeur juridique, secrétaire exécutif, puis vice-président exécutif chargé de la gouvernance, des services juridiques et ministériels. Avant de rejoindre l'institution panafricaine, il a enseigné le droit à l'Université de Hull, au Royaume-Uni. Titulaire d'un LLM et d'un doctorat en droit de l'Université de Londres, Dr George Elombi apporte à la présidence une solide culture juridique et une connaissance fine des rouages de la finance multilatérale africaine.

Envoyé spécial au Caire, Egypte

Dr Ange Ponou

Publié le 27/10/25 14:36

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