Le rapport annuel de la Bourse des valeurs mobilières de l'Afrique centrale (BVMAC) pour l'exercice clos le 31 décembre 2024, publié ce 30 octobre 2024, traduit une évolution contrastée du marché régional. Si le compartiment obligataire a poursuivi sa montée en puissance, le marché des actions, lui, a connu un net essoufflement, marquant une baisse de sa liquidité et de sa valorisation.
L'indicateur le plus parlant reste celui de la valeur des échanges sur le marché actions, qui s'est effondrée de 3,96 milliards FCFA en 2023 à seulement 622 millions FCFA en 2024, soit une chute vertigineuse de -84%. Cette contraction intervient après une année 2023 qualifiée par la BVMAC d'''exceptionnelle'', portée par des opérations de bloc d'envergure. En 2024, aucune transaction d'ampleur similaire n'a été enregistrée, et surtout, aucune nouvelle introduction en Bourse n'a eu lieu.
Malgré cette atonie sur les montants échangés, l'activité reste soutenue en volume. Le nombre de transactions a progressé de 43%, passant de 250 à 358 échanges. Une dynamique que le rapport attribue à la multiplication de petits ordres, confirmant l'intérêt d'un public d'investisseurs actifs, même sur des valeurs à faible prix. Le ratio de liquidité, qui mesure le rapport entre le volume échangé et le flottant coté, est néanmoins tombé à 1,05%, contre 1,97% un an plus tôt. Ce recul, note le rapport, ‘'confirme la faible liquidité globale des actions cotées'', la plupart des investisseurs préférant une stratégie dite de buy and hold (acheter et conserver).
Sur le plan de la valorisation, la capitalisation boursière globale a légèrement reculé, s'établissant à 442,6 milliards FCFA en moyenne annuelle, soit une baisse de 4% sur un an. Cette contre-performance s'explique principalement par la baisse du cours moyen de SOCAPALM, dont la dépréciation n'a pas été compensée par la légère progression des titres SEMC et BANGE. La capitalisation flottante, reflet de la valeur des titres effectivement disponibles à la négociation, a suivi la même tendance, en repli de 3,3% à 64,3 milliards FCFA.
À rebours de ce mouvement, le compartiment obligataire affiche des résultats nettement plus dynamiques. L'encours total des dettes cotées a progressé de près de 15%, pour atteindre 1 490,8 milliards FCFA en fin d'année. Cette croissance s'explique par l'arrivée de nouvelles lignes obligataires (notamment celles d'Alios Finance Cameroun, de la BDEAC et de l'État du Gabon) qui ont plus que compensé le remboursement d'un emprunt souverain gabonais arrivé à échéance en octobre 2024.
Les volumes échangés sur le marché obligataire ont doublé, à 1,879 million de titres contre 0,845 million en 2023, pour une valeur transigée de 16,9 milliards FCFA, en hausse de 100%. Cette performance illustre, selon la BVMAC, ‘'la confiance renouvelée dans la signature des émetteurs souverains de la CEMAC'' et ‘'l'attrait de rendements généralement défiscalisés''. Les investisseurs institutionnels (banques et gestionnaires d'actifs) ont continué de jouer un rôle moteur sur ce segment.
Sur le plan institutionnel, la BVMAC enregistre une baisse marginale de son chiffre d'affaires à 876 millions FCFA (-1,8%), conséquence directe du ralentissement des transactions et de l'absence de nouvelles introductions. Cependant, la taille de son bilan s'est renforcée de 15%, atteignant 7,317 milliards FCFA, soutenue par ‘'l'apport du prêt communautaire versé par le FODEC'', précise le rapport.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 30/10/25 18:23


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