Suspendu depuis 2018, le projet de barrage hydroélectrique de Bini à Warak, dans le centre du Cameroun, fait l'objet de nouvelles tractations entre le gouvernement et la société britannique Savannah Energy. L'entreprise, qui détient les droits de développement depuis 2023, a annoncé son intention de céder la moitié de sa participation pour attirer de nouveaux partenaires financiers.
Selon le rapport d'activités 2024 de Savannah Energy, la cession de 50% des parts doit intervenir avant la clôture financière prévue pour le troisième trimestre 2028. Cette ouverture du capital vise à boucler le financement du projet, estimé à plus de 180 milliards de francs CFA, et à sécuriser les fonds nécessaires à la reprise des travaux.
Parallèlement, les discussions se poursuivent entre la société britannique et les autorités camerounaises pour la signature d'un nouvel accord de développement. Ce document remplacera le protocole d'accord signé en avril 2023 et redéfinira les responsabilités techniques et financières des deux parties. Fin 2023, le ministère de l'Eau et de l'Énergie a approuvé un nouveau schéma de réalisation combinant une centrale hydroélectrique de 55,5 MW et une composante solaire de 40 MW, soit une puissance totale de 95 MW contre 75 MW initialement.
Le chantier, lancé en 2017, avait été interrompu un an plus tard après le retrait de l'entreprise chinoise Sinohydro. Ce désengagement faisait suite au non-paiement par l'État camerounais d'une prime d'assurance préalable à un financement de 182 milliards de francs CFA auprès de la banque chinoise ICBC. Les travaux préparatoires, estimés à une vingtaine de milliards, avaient alors été abandonnés, laissant le site inactif depuis sept ans.
En juin 2025, le gouvernement a relancé le processus d'indemnisation des populations affectées par le projet, signe de sa volonté de remettre le dossier sur les rails. Pour Yaoundé, le barrage de Bini à Warak doit renforcer l'approvisionnement en électricité des régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême-Nord, encore largement tributaires du barrage de Lagdo (72 MW), dont la capacité est réduite par l'ensablement du réservoir.
Savannah Energy estime que la future centrale permettra d'augmenter d'environ 50% la production électrique dans le septentrion camerounais. L'entreprise prévoit une mise en service de la composante solaire deux ans après la clôture financière, et la partie hydroélectrique entre 2030 et 2032, une fois les autorisations finales obtenues.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 28/10/25 11:47


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