Moody’s attribue la note B3 au Mali, soit dans la catégorie ''hautement spéculative''

L'agence de notation Moody's a attribué la note B3 au Mali en monnaie locale et en devises, soit le niveau le plus bas de la catégorie hautement spéculative, avec une perspective stable.

Cette évaluation vient sanctionner une économie malienne ballotée par une crise sécuritaire persistante et un climat socio-politique fragile. Pour justifier son appréciation, l'agence dresse l'état d'un pays sous tension autour de quatre points.

Le Mali est un pays considéré à « très faible revenu », porté une économie insuffisamment diversifiée et exposée aux « chocs extérieurs » relève le rapport de l'agence. Une première faiblesse du fait d'une grande dépendance aux secteurs agricole et minier (notamment la production aurifère) qui rend le pays  fortement tributaire des fluctuations des cours des matières premières.

En second lieu, Moody's pointe du doigt les insuffisances du cadre institutionnel, marqué notamment par  des problèmes de gouvernance et des tensions politiques, « malgré une gestion relativement prudente des finances publiques et des efforts soutenus pour améliorer le recouvrement des impôts qui confortent le profil de crédit de l'émetteur ».

Egalement le pays est présenté comme ayant « une solidité financière modérée » du fait d'un endettement relativement faible (la dette représentant 35,6% du PIB fin 2017), mais avec « une proportion très élevée de dette libellée en devises ».

Et enfin, l'agence relève une  « exposition « élevée au risque événementiel » déterminée par un risque politique « élevé », un facteur « limitatif important pour la notation du Mali ». En cause, la persistance du conflit et la récurrence de la violence au nord du pays.

Perspective Stable

La perspective stable est justifiée par un "équilibre" entre "risques haussiers et risques baissiers". Les perspectives d'une croissance attendue autour de 5% devraient contribuer à maintenir la dette malienne à "à un niveau à la fois stable et soutenable". Toutefois un regain de tensions politiques prolongées pourrait remettre en cause la croissance économique et avoir une incidence négative sur les finances publiques, analyse Moody's.

Surveillance

Plusieurs facteurs pourrait induire un changement de la note à la hausse ou à la baisse selon Moody's. L'agence indique ainsi qu'elle pourrait réviser à la hausse la notation du Mali en cas de stabilisation durable de la situation sécuritaire laissant anticiper un renforcement du cadre institutionnel et une amélioration significative de la conjoncture économique, parallèlement à une croissance rapide du niveau des revenus et à un renforcement de la compétitivité.

A contrario, Moody's pourrait réviser à la baisse la notation du pays si la crise sécuritaire s'exacerbait au point de peser durablement sur la croissance et affaiblir la solidité financière du pays. En l'occurrence, un retrait prématuré du soutien de la communauté internationale pourrait entraîner un regain de tensions politiques et une dégradation de la situation sécuritaire. Il en sera de même en cas de baisse prolongée des cours des matières premières et de catastrophes naturelles récurrents impactant les revenus du gouvernement.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 19/03/19 10:21