Guillaume Koffi et Issa Diabaté - Fondateurs de Koffi & Diabaté Architectes : ‘’Nous sommes engagés dans la création d'un nouveau modèle de ville africaine’’

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Guillaume KOFFI et Issa DIABATE, Fondateurs de Koffi & Diabaté Architectes :

Nous sommes engagés dans la création d'un nouveau modèle de ville africaine

 

Fondé en 2001, Koffi & Diabaté Architectes est un cabinet d'architecture ivoirien qui a acquis une renommée dépassant les frontières nationales grâce à des projets majeurs réalisés en Afrique de l'Ouest. Adoptant une approche novatrice, les architectes Koffi et Diabaté redéfinissent le rôle traditionnel de l'architecte en se positionnant comme des "Gardiens de la Cité". Ce duo visionnaire, engagé dans la création d'un nouveau modèle de ville africaine, partage sa perspective audacieuse sur l'avenir urbain du continent.

Au cours de l'entretien exclusif avec Sika Finance, Koffi & Diabaté dévoilent leur transition significative, passant d'architectes classiques à des "Architectes-Développeurs", mettant en avant l'importance d'une approche holistique pour relever les défis complexes du développement urbain. Leur projet phare, un ambitieux programme de 20 000 logements au Bénin, est présenté comme une réponse pragmatique aux besoins pressants en matière de logement, notamment dans un contexte de croissance démographique rapide.

L'interview explore également le projet emblématique "Abatta Village" à Abidjan, soulignant l'engagement des architectes envers l'innovation, la durabilité, et la création d'écosystèmes complets. Des thèmes cruciaux tels que la durabilité, la mobilité urbaine et les défis liés aux matériaux durables dans le contexte africain sont abordés avec perspicacité.

Koffi & Diabaté partagent également une analyse éclairée de l'évolution urbaine à Abidjan, mettant en évidence les défis et opportunités liés à la croissance rapide des villes africaines. Ils proposent des idées novatrices pour repenser l'urbanisme, promouvoir la cohésion sociale et développer des villes intelligentes et durables.

Enfin, les architectes évoquent leur prochain défi, le projet Ebrah, une initiative audacieuse visant à façonner le développement urbain dans la région. Leurs perspectives offrent une vision stimulante de l'avenir des villes africaines, combinant innovation architecturale, durabilité et engagement communautaire.

Votre cabinet a été distingué à de nombreuses reprises à l'échelle internationale pour ses réalisations. Il est de plus une référence en Afrique. Comment vous définiriez-vous en tant qu'architecte ?

 

Nous nous définissons en tant qu'architectes engagés. Engagés dans la création d'un nouveau modèle de ville africaine. "

ISSA DIABATÉ (ID) : Nous nous définissons en tant qu'architectes engagés. Engagés dans la création d'un nouveau modèle de ville africaine. Notre approche va au-delà de la simple conception de bâtiments ; nous nous considérons comme des "Gardiens de la Cité". Pour nous, l'architecte a un rôle central dans la transformation des paysages urbains et des modes de vie.

GUILLAUME KOFFI (GK) : En effet, en tant qu'architectes, nous voulons être des agents de changement et contribuer au développement durable, œuvrer à une planification urbaine et une architecture qui soient locales et durables. L'architecte doit contribuer à améliorer le quotidien de chacun. Quand il y parvient, les effets vertueux sont innombrables. 

L'Afrique enregistre un développement rapide de ses grandes villes qui accueillent quasiment la moitié de sa population ; et on parle même d'urbanisation non contrôlée. Pour vous, comment définiriez-vous la ville africaine moderne ?

Pour créer la ville africaine moderne, il est essentiel de repenser ces problématiques de manière concertée et structurée, en impliquant l'ensemble des professionnels du cadre bâti. "

ID : Actuellement, de nombreuses agglomérations africaines font face à des problèmes communs, souvent en raison d'un manque de vision et de planification urbaine. Avec la croissance rapide des villes, les infrastructures et la construction de logements, elles ne parviennent pas à suivre le rythme, ce qui entraîne une urbanisation non contrôlée. Les villes sont souvent prises au dépourvu et doivent réagir en fonction de l'évolution spontanée des besoins immédiats de la population.

GK : En effet, la plupart des villes africaines ont été planifiées et construites à une époque où les modes de vie étaient très différents de ce qu'ils sont aujourd'hui. Ces villes, héritées de la colonisation, ne correspondent plus aux besoins et aux réalités actuelles. Le schéma de nos villes fonctionnait plutôt bien quand nous étions 1 million d'habitants. Aujourd'hui, elles souffrent de problèmes tels que la croissance démographique rapide, la mobilité, le manque de logements sociaux de qualité, la salubrité publique, et bien d'autres défis. Pour créer la ville africaine moderne, il est essentiel de repenser ces problématiques de manière concertée et structurée, en impliquant l'ensemble des professionnels du cadre bâti. Cela nous permettra de mieux planifier et concevoir les villes de demain, en tenant compte des besoins de la population et en favorisant le vivre-ensemble.

Est-ce pour mettre en œuvre votre approche que vous êtes passés d'Architectes à ‘'Architectes-développeurs ? Expliquez ce concept et la vision qui l'accompagne ?

En proposant nos propres programmes immobiliers, il s'agit de pouvoir contrôler l'écosystème complet, de la conception jusqu'au produit fini. Cela implique une vision globale du développement urbain, intégrant la mobilisation foncière, la structuration financière et juridique, la construction, et la commercialisation. En adoptant cette approche, nous avons la possibilité d'imaginer des écosystèmes complets qui répondent aux besoins locaux de manière innovante. "

GK: Au fil des années, nous avons constaté que la pratique de l'architecture dans notre environnement exigeait une approche proactive et globale pour répondre aux défis complexes du développement urbain de la ville d'Abidjan, et plus largement des grandes mégapoles ouest-africaines qui vivent globalement les mêmes enjeux. C'est pourquoi nous avons fait le choix stratégique de nous positionner en tant qu'”Architectes-Développeurs” et d'orienter notre réflexion sur la problématique du logement. 

L'urbanisation non contrôlée, caractérisée par l'étalement urbain et la construction de maisons individuelles sur de petites parcelles sans infrastructures adéquates, contribue au mal-vivre urbain de demain. Les problèmes d'assainissement, de gestion des eaux usées et de manque de végétation sont préoccupants. 

En proposant nos propres programmes immobiliers, il s'agit de pouvoir contrôler l'écosystème complet, de la conception jusqu'au produit fini. Cela implique une vision globale du développement urbain, intégrant la mobilisation foncière, la structuration financière et juridique, la construction, et la commercialisation. En adoptant cette approche, nous avons la possibilité d'imaginer des écosystèmes complets qui répondent aux besoins locaux de manière innovante.

ID : Nous essayons de concevoir des projets susceptibles d'influencer leur environnement et donner une véritable impulsion de changement à la ville, afin de mieux la penser et surtout mieux la vivre. L'idée est de transformer progressivement le paysage urbain via un processus d'émulation.

Après l'opération " Villas Cacao ", un programme de 6 villas de haut standing et l'Immeuble Carbone en 2010 (bâtiment à usage de bureaux, constitué de plateaux libres d'aménagement), nous avons acquis une expérience précieuse dans le développement immobilier, et nous voulions pousser plus loin avec des projets qui auraient un impact plus significatif.  En 2016, nous avons livré le projet “Les Résidences Chocolat”, un complexe immobilier de 32 logements qui redéfinit la notion de quartier résidentiel à Abidjan, tout en introduisant une nouvelle vision de l'habitat.

Actuellement, notre projet phare de développement immobilier est le projet " Abatta Village ", un écoquartier composé de 226 logements, dont le chantier est en cours. 

A ce titre, vous mettez en œuvre un important projet de 20 000 logements socio-économiques au Bénin ; une petite ville en soi. Parlez-nous de ce projet et de ce qu'il apportera de singulier dans le paysage urbain local et africain, et également en termes de confort de vie pour ses futurs habitants ?

GK : Le projet de 20 000 logements sociaux et économiques du Bénin représente une réponse significative aux besoins urgents en logements dans un contexte de croissance démographique rapide, en particulier à Cotonou et dans les grandes villes du pays. Lancé en 2020 par le Gouvernement béninois, ce programme ...

Retrouver la suite de l'interview dans la version numérique de la 14ème édition du Magazine Sika Finance à télécharger gratuitement via le lien ou en cliquant sur la une ci-dessous.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 18/03/24 16:49

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