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La situation d'Oragroup se détériore dangereusement. L'agence Fitch a abaissé la note de la maison mère bancaire ouest-africaine à ‘C', signalant l'amorce d'un défaut de paiement. En cause : une crise aiguë de liquidité et une capitalisation trop faible pour répondre aux exigences réglementaires. Sans intervention rapide de ses actionnaires, le groupe risque un déclassement en défaut restreint.
Le couperet est tombé. L'agence Fitch Ratings a abaissé la note d'Oragroup S.A., la maison mère du groupe bancaire opérant en Afrique de l'Ouest et du Centre, de 'CC' à 'C', signifiant qu'un processus de défaut est désormais en cours à la faveur d'une nouvelle évaluation publiée ce 28 mai. Ce déclassement traduit l'extrême fragilité financière du groupe, confronté à une crise de liquidité et à un niveau de capitalisation jugé largement insuffisant.
L'action de notation publiée ce mercredi confirme aussi la note de viabilité intrinsèque (Viability Rating ou VR) du groupe à 'f', la plus basse sur l'échelle de Fitch, qui signifie un échec manifeste. Autrement dit, sans recapitalisation majeure, la survie d'Oragroup, dans sa forme actuelle, apparaît compromise.
Un défaut ''en préparation'' selon Fitch
La décision de Fitch repose sur un fait concret : début mai 2025, Oragroup est entré en période de grâce pour le remboursement d'un prêt bancaire libellé en euros et en francs CFA, faute de liquidité suffisante. Cet incident de paiement, même temporairement suspendu, est considéré par l'agence comme un signal clair d'un défaut ou d'un échange de dette en difficulté (distressed debt exchange).
À noter que la période de grâce court jusqu'à fin mai. Si aucun paiement ou accord formel n'est conclu d'ici là, la note d'Oragroup pourrait encore être abaissée à ‘RD' (Restricted Default), synonyme de défaut partiel sur certaines obligations financières. En cas de défaut sur des échéances court terme, la note correspondante serait également revue à la baisse.
Une capitalisation en état critique
Plus préoccupant encore, la note de viabilité maintenue à ‘f' traduit la conviction de Fitch que le groupe ne pourra pas corriger son déficit de fonds propres réglementaires sans une intervention externe décisive, c'est-à-dire une injection de capital par ses actionnaires actuels ou de nouveaux partenaires. Ce besoin de recapitalisation urgente est considéré par Fitch comme un facteur de défaillance grave, d'autant plus que le groupe ne dispose pas, à ce jour, d'une source identifiée de recapitalisation.
Fitch précise que cette évaluation est encore plus sévère que la note implicite (‘ccc-'), en raison du poids spécifique des problèmes de capitalisation et de levier financier.
Quelles perspectives de redressement ?
Un relèvement de la note est conditionné à des évolutions structurelles : amélioration de la liquidité, refinancement des dettes à court terme, réduction du risque d'intervention réglementaire, ou encore soutien externe tangible (par exemple une ligne de crédit d'urgence ou un apport en capital).
Dans l'hypothèse où un actionnaire ou un investisseur majeur interviendrait avec un soutien financier crédible, Fitch envisage une revalorisation de la note à un niveau reflétant le nouveau profil de risque d'Oragroup, notamment en matière de fonds propres et de capacité à faire face à ses engagements.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 13/06/25 09:38
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