Eskom, la principale entreprise qui fournit de l'électricité en Afrique du Sud a annoncé depuis lundi des délestages dans tout le pays. Ainsi, depuis maintenant 5 jours le pays fait face à un rationnement de la fourniture de l'électricité.
Cette situation dramatique est difficilement compréhensible et admissible pour la première puissance économique du continent. Et pourtant, tout semble indiquer que l'issue de cette impasse est incertaine.
C'est ce qui à amener le ministère sud-africain en charge des entreprises publiques à admettre, pour la toute première fois qu'Eskom est insolvable.
En effet, « Le système de production d'électricité est sévèrement perturbé, c'est pourquoi nous sommes contraints de procéder à des délestages », a déclaré, Khulu Phasiwe, un porte-parole de la compagnie.
Au nombre des causes évoquées de cette débâcle, on pourra noter le manque d'entretien des centrales à charbon et les problèmes de gouvernance liés notamment à la corruption. Même si la version officielle voudrait que cette situation soit due à une série malheureuse d'incidents techniques qui ont affecté plusieurs centrales à charbon.
Les états financiers d'Eskom laissent entrevoir une dette abyssale de 419 milliards de rands, soit 30 milliards d'euros. Et pour ne rien arranger à l situation, l'agence Moody's, dans une note publiée en début de semaine, a menacé de rétrograder la note souveraine de l'Afrique du Sud de la dégradation de sa notation souveraine si le gouvernement ne se penchait pas sérieusement sur la dette d'Eskom.
C'est la gravité de cette situation qui a fait dire au président sud-africain, Cyril Ramaphosa qu'Eskom fait peser un grave risque sur la première puissance industrielle du continent. Et il ne pensait pas si bien le dire car d'autant plus que la société produit aujourd'hui plus de 95% de l'électricité du pays.
Il est bien évident que les entreprises sont les premières victimes de cette crise énergétique qui va fatalement conduire à une grave crise économique et même financière selon les analystes. Et cela d'autant plus que le gouvernement ne trouve pour l'instant aucune solution à cette affaire.
Le rand sous pression
Entre temps, sur le marché des devises, les investisseurs se montrent prudents vis-à-vis du rand, la monnaie sud-africaine, et s'attendent désormais à une nouvelle dégradation de la note souveraine du pays.
Cette situation a fait perdre au rand sud-africain du terrain face au dollar depuis le dimanche dernier. Le jeudi 14 février par exemple, 1 dollar USD s'échangeait contre 14,21 rands, alors qu'au 31/01/2019, 1 dollar USD équivalait à 13,25 rands, soit une dépréciation de 7,15%.
Dr Ange Ponou
Publié le 15/02/19 15:36