Afrique : Les startups ont franchi la barre du milliard de dollars levé en cinq mois

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L'écosystème tech africain donne des signes clairs de résilience et de reprise. Après une année 2024 en demi-teinte, les startups du continent ont déjà levé plus d'un milliard de dollars en seulement cinq mois. Ce seuil symbolique, atteint sept semaines plus tôt qu'en 2024, confirme une dynamique positive, portée par un rebond d'investissements et une concentration accrue des tours de table dans les grandes économies du continent.

Selon les derniers chiffres consolidés par la plateforme spécialisée Big Deal, 254 millions de dollars ont été levés au mois de mai 2025, portant le total cumulé depuis janvier à 1,04 milliard de dollars, soit une progression de près de 40 % par rapport à la même période l'an dernier. Les start-ups africaines n'avaient atteint ce seuil qu'à la mi-juillet en 2024, preuve d'un net regain d'intérêt des investisseurs malgré une conjoncture internationale toujours prudente.

L'Égypte en tête, l'Afrique du Sud et le Nigeria suivent

Le mois de mai a été particulièrement marqué par la domination de l'Égypte, qui concentre 31 % des levées de fonds de l'année (soit plus de 330 millions de dollars). Ce dynamisme est largement porté par une série de méga-deals, à commencer par celui de Nawy, la start-up proptech qui a bouclé un tour de table record de 75 millions de dollars (52 M$ en equity, 23 M$ en dette), le plus important jamais enregistré dans le secteur immobilier tech africain.

Six des sept levées de fonds supérieures à 10 millions de dollars ce mois-ci ont concerné des sociétés égyptiennes, dont Tasaheel (filiale de MNT-Halan, 50 M$ en obligations), Valu (27 M$), Thndr (15 M$), Sylndr (15 M$) et Money Fellows (13 M$). Seule exception : la sud-africaine AURA, active dans la healthtech, qui a levé 15 M$ en série B pour son expansion vers les États-Unis.

Derrière l'Égypte, l'Afrique du Sud (26 %), le Nigeria (15 %) et le Kenya (12 %) complètent le quatuor de tête, qui absorbe à lui seul 84 % des financements annoncés depuis janvier. Vingt marchés africains ont toutefois enregistré au moins une transaction supérieure à 100 000 dollars, signe que la base de l'écosystème continue de s'élargir lentement.

Fintech, healthtech et énergie en tête des secteurs

Sans surprise, la fintech reste le moteur principal des investissements en Afrique, avec 484 millions de dollars levés depuis janvier, soit 46 % du total. Elle est suivie par la healthtech (149 millions de dollars), dynamisée par les 100 M$ levés par hearX en avril, et les start-ups du secteur énergie/climat (106 millions de dollars), dans un contexte de forte demande en solutions énergétiques durables sur le continent.

Une reprise en capital, mais encore prudente

Sur le plan des instruments financiers, 77 % des montants levés ont été réalisés en capitaux propres (plus de 810 millions de dollars), 13 % en dette, et environ 10 % sous forme de subventions ou d'obligations. La plus importante émission obligataire du mois – 50 millions de dollars – a été réalisée par Tasaheel, et constitue la plus grande levée obligataire d'entreprise jamais enregistrée en Égypte.

36 start-ups ont levé des fonds au-delà de 100 000 dollars en mai – un chiffre légèrement en baisse – mais sept d'entre elles ont obtenu plus de 10 millions de dollars, confirmant la reconcentration des ressources sur les champions de la tech régionale.

Autre signe de maturité du marché : quatre sorties ont été annoncées en mai. Trois concernent des sociétés égyptiennes, dont la plus médiatisée reste l'acquisition de Qardy par Catalyst Partners Middle East via la première fusion SPAC du pays, pour un montant estimé à 23 millions de dollars. En Afrique de l'Ouest, Baobab+ a cédé une participation majoritaire à BioLite, dans une opération qui souligne l'intérêt croissant des acteurs étrangers pour les start-ups à fort impact social.

Vers une année 2025 plus robuste que 2024 ?

À mi-parcours de l'année, les voyants semblent repasser progressivement au vert pour la tech africaine. Avec 2,5 milliards de dollars levés sur les douze derniers mois glissants (juin 2024 - mai 2025), le secteur revient à ses meilleurs niveaux depuis le creux de début 2023. Certes, la performance reste en retrait par rapport aux sommets de 2022, où le milliard de dollars avait été atteint en moins de deux mois. Mais la tendance est là : un retour à la croissance, avec des bases plus saines et plus sélectives.

Reste à savoir si cette trajectoire permettra de dépasser les 2,2 milliards de dollars levés en 2024. Si la dynamique se maintient, l'objectif paraît à portée de main, malgré la prudence qui règne encore sur les marchés globaux de capital-risque.

 

Jean Mermoz Konandi

Publié le 17/06/25 10:15

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