Le Cameroun devra débourser la somme de 300 milliards FCFA pour remettre en état la Société nationale de raffinage. L'information figure dans le Programme économique, financier, social et culturel de l'exercice 2026 présenté le 26 novembre 2025 à l'Assemblée nationale par le Premier ministre Joseph Dion Ngute. Ce montant correspond à l'estimation issue de l'étude de faisabilité en cours, confiée au groupe français Axens.
Cette étude a été officiellement lancée le 19 mars 2025, lors d'une réunion organisée à Limbé par la direction générale de la Sonara. À l'époque, la société pétrolière présentait cette étape comme le début d'un processus devant aboutir à une configuration beaucoup plus moderne de la raffinerie. Pendant quarante-deux semaines, Axens devait plancher sur un avant-projet sommaire comprenant l'analyse du marché, une étude technico-financière complète, la définition de la future capacité de traitement et la préparation des documents nécessaires à la reconstruction.
Depuis l'incendie du 31 mai 2019, la raffinerie est totalement à l'arrêt, et la réhabilitation s'annonce complexe. En effet, d'après une évaluation technique antérieure, réalisée par le cabinet Ekium et citée par l'agence Argus, environ 75% des installations seraient récupérables, 8% définitivement perdues et 17% encore en cours de vérification.
Malgré ces diagnostics prudents, la Sonara a adopté le 13 août 2025 un plan de relance baptisé Parras 2024. Ce document, validé en conseil d'administration, fixe comme objectif un redémarrage de la raffinerie en décembre 2027. Une source interne citée par Argus indiquait alors que l'usine ne pourrait, dans le meilleur des cas, fonctionner avant trois ans. Selon les projections avancées à ce moment, les premiers travaux techniques doivent débuter en janvier 2026.
Cette résurrection industrielle se prépare dans un contexte financier extrêmement tendu pour la société publique. La Sonara est lourdement endettée. Sa dette bancaire atteint 261 milliards de francs CFA, rééchelonnés en 2021 sur dix ans à un taux de 5,5%. À cela s'ajoutent des créances importantes envers les négociants pétroliers : 185 milliards auprès de Vitol, 14 milliards auprès de Trafigura, 20 milliards auprès de Mercuria Energy et 8,5 milliards envers PSTV. Le plan de restructuration prévoit une recapitalisation et une recherche de partenaires financiers, notamment sous la forme d'un partenariat public-privé, pour accompagner le programme de réhabilitation.
En attendant un éventuel redémarrage, la Sonara assure maintenir l'approvisionnement du marché camerounais en produits raffinés importés. L'entreprise répète, dans ses communications officielles, que la distribution se poursuivra sans interruption jusqu'à la mise en service de la nouvelle configuration industrielle.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 28/11/25 12:48