Cameroun : Le mobile money défie la fiscalité et pèse désormais 5% du PIB

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Le Cameroun s'impose comme l'un des champions africains du mobile money. D'après le rapport 2025 de la GSMA, une association internationale représentant les intérêts de plus de 750 opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile de 220 pays dans le monde, ce secteur dynamique pèse désormais au moins 5 % du PIB national, rivalisant avec le Kenya, pionnier mondial en la matière grâce à son emblématique service M-Pesa. 

Un essor d'autant plus remarquable qu'il s'est consolidé dans un environnement fiscal de plus en plus contraignant. Depuis l'instauration d'une taxe de 0,2 % en 2022 sur les transferts et retraits d'argent, l'activité aurait pu ralentir. Or, les indicateurs de 2023 qui figurent dans le Rapport sur la situation et les perspectives économiques, sociales et financières du Cameroun publié en novembre 2024, racontent une toute autre histoire.  

Selon ce document, l'activité de la monnaie électronique a enregistré une hausse de 24 % en 2023, atteignant une valeur totale de 18 381,6 milliards de FCFA contre 14 822,3 milliards de FCFA en 2022. Mieux encore, la valeur des transactions effectuées via le mobile money a bondi de 38,2 %, atteignant 24 331 milliards de FCFA au cours de la période sous revue. Cette dynamique traduit une popularité croissante. En effet, 42,7 % des adultes camerounais utilisaient le mobile money en 2022, contre 29,9 % en 2017. 

Cette dynamique interne se double d'un rôle central à l'échelle sous-régionale. Dans la zone CEMAC, le Cameroun fait figure de locomotive, avec près de 25 millions de comptes enregistrés, représentant 62 % des comptes actifs de l'espace communautaire d'après des chiffres officiels de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (Beac). Le pays capte aussi 71 % du volume (1,7 milliard d'opérations) et 55 % de la valeur des transactions régionales en 2022. 

Mais cette position de force pourrait se fragiliser face à une fiscalité de plus en plus lourde. La loi de finances 2025 a introduit un nouveau droit spécifique de 4 FCFA par transaction, désormais étendu aux banques et établissements de crédit. En parallèle, le taux de la taxe sur les transferts d'argent grimpe à 1 % pour les jeux de hasard.

Pourtant, le mobile money reste un pilier du système financier en Afrique centrale. Selon la BEAC, il représente aujourd'hui 96 % des transactions financières de la sous-région, avec 2,3 milliards d'opérations enregistrées sur un an. Mais des signes de ralentissement émergent. Le taux d'utilisation des comptes actifs a chuté à 51,3 % en 2023, contre 64 % l'année précédente. 

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 11/04/25 16:36

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