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Réuni le 30 juin 2025 à Yaoundé, le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC) a opté pour le statu quo sur ses instruments de politique monétaire, reconduisant les niveaux décidés lors de sa précédente session en mars. Le taux d'intérêt des appels d'offres reste fixé à 4,5%, tandis que le taux de facilité de prêt marginal demeure à 6%. Le taux de facilité de dépôt est maintenu à 0%, tout comme les coefficients des réserves obligatoires, inchangés à 7% pour les dépôts à vue et 4,5% pour les dépôts à terme.
Cette stabilité survient dans un contexte régional marqué par un ralentissement graduel de l'inflation, amorcé au premier trimestre 2025. Selon les dernières projections des services de la BEAC, le taux d'inflation moyen dans la zone CEMAC devrait se replier à 2,8% cette année, contre 4,1% en 2024 et plus de 5% les années précédentes.
Ce changement de cap marque une rupture nette avec la stratégie monétaire restrictive appliquée depuis 2022, année durant laquelle la banque centrale avait successivement relevé ses taux pour contenir la poussée inflationniste provoquée notamment par les effets de la guerre en Ukraine. À cette époque, le taux des appels d'offres avait été porté à 5% et celui de la facilité de prêt marginal à 6,75%, des niveaux maintenus jusqu'au tournant observé en mars 2025.
La BEAC justifie aujourd'hui son choix par l'évolution favorable des fondamentaux. ''Nous observons une dynamique positive dans le secteur non pétrolier de plusieurs États membres, avec un effet stabilisateur sur les prix'', a expliqué le gouverneur de la BEAC, Yvon Sana Bangui. Il cite également une accalmie sur les prix des denrées de base et une moindre pression sur les coûts énergétiques.
L'inflexion récente de la politique monétaire résulte d'un constat partagé au sein de l'institution. Les instruments classiques d'intervention monétaire se sont révélés peu efficaces pour freiner une inflation à dominante importée. À la fin de son mandat, l'ex-gouverneur Abbas Mahamat Tolli admettait déjà que la part de l'inflation d'origine monétaire ne représentait que 20% du phénomène global observé dans la région. Les chocs logistiques mondiaux, conjugués à la forte dépendance des économies CEMAC aux produits importés, ont souvent neutralisé les effets attendus d'un durcissement monétaire.
La décision prise en mars 2025 une première baisse des taux en plus de deux ans a donc été perçue comme un réalignement sur les réalités structurelles de la région. En juin, cette orientation est confortée par une trajectoire désinflationniste plus marquée. Toutefois, la BEAC reste prudente. Elle considère toujours l'inflation importée comme un facteur de vulnérabilité majeur et appelle les États à accélérer la mise en œuvre de leurs stratégies d'import-substitution, seules à même de corriger durablement cette fragilité.
Sur le plan macroéconomique, la banque centrale projette une croissance du PIB réel de 2,9% en 2025 dans la zone CEMAC, tirée principalement par les activités non pétrolières. Les réserves de change devraient continuer à se renforcer, atteignant 7 584,9 milliards FCFA, soit une couverture de 76,1% des importations.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 01/07/25 16:02
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