Le Beach de Brazzaville constitue aujourd'hui l'un des principaux corridors de circulation de liquidités entre le Congo et la RDC. Selon le rapport de l'Agence de Régulation des Transferts de Fonds (ARTF), 12 197 passagers au départ et 11 622 à l'arrivée ont transité par cette frontière fluviale au quatrième trimestre 2024, soit une moyenne d'environ 12 000 voyageurs par mois . Ce volume fait du Beach l'un des postes frontaliers les plus actifs du pays, comparable à un " hub " financier où circulent quotidiennement des centaines de millions de FCFA et de devises.
Le document montre qu'au Beach, le change manuel domine les opérations financières. La présence massive de cambistes autour du poste pousse les voyageurs à convertir leur argent avant embarquement, ce qui explique pourquoi 65% des montants transportés au départ sont en devises et non en monnaie locale, alors que ce ratio grimpe à 74% à l'arrivée . Cette situation fait du Beach un véritable marché de change informel et non régulé, contournant le système bancaire formel.
Les sommes qui transitent y sont considérables. Au départ de Brazzaville, les passagers ont déclaré 953,6 millions de FCFA et 965 509 USD en trois mois, tandis qu'à l'arrivée les montants atteignent 2,004 milliards de FCFA et 2,334 millions USD, soit un solde excédentaire de plus d'un milliard de FCFA en faveur du Congo . De telles quantités de liquidités gérées hors du circuit bancaire officialisent de fait le Beach comme un centre financier parallèle.
Cette zone, où circulent en moyenne 60 navettes de canots rapides par jour, fonctionne avec une densité d'acteurs économiques, cambistes, porteurs, courtiers, marchands de mobile money, typique d'un écosystème monétaire complet sans supervision réglementaire effective . Avec près de 454 millions de FCFA de dépenses de voyage au départ et 585 millions à l'arrivée, le Beach concentre un volume d'activités comparable à celui d'une place financière, mais totalement informelle.
La Rédaction
Publié le 18/11/25 15:41