Côte d’Ivoire/campagne café-cacao 2025/2026 : A quoi les paysans peuvent-ils s’attendre ?

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Demain 1er octobre, s'ouvre officiellement la nouvelle campagne cacaoyère 2025/2026 en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial du précieux fève, avec près de 40% de l'offre. Dans les villages à l'Ouest, au Sud et un peu au centre du pays, les planteurs scrutent avec impatience la décision la plus attendue, à savoir le prix garanti bord champ du kilogramme du cacao, qui depuis le mois d'avril dernier a augmenté à 2 200 FCFA, un record dans l'histoire récente.

Cette hausse, saluée par la profession, constitue une bouffée d'oxygène pour des centaines de milliers de producteurs, souvent confrontés à une rentabilité fragile. ‘'Ce prix, c'est une reconnaissance de notre travail. Cela nous permet de mieux couvrir les coûts de production'', témoigne un planteur de la région de Soubré, l'un des épicentres de la cacaoculture ivoirienne. Pour les paysans, l'enjeu est désormais de savoir si cette dynamique sera prolongée.

Selon des sources proches du dossier, c'est le président de la République Alassane Ouattara, en personne qui devrait annoncer ce nouveau tarif, marquant ainsi la solennité et l'importance stratégique de la filière dans l'économie nationale. Plusieurs sources parlent d'une revalorisation à hauteur de 39% à 2 500 FCFA/Kg, mais les paysans retiennent leur attention jusqu'à l'annonce officielle du prix. Cette annonce du président, si elle se confirme, serait un signal fort que l'exécutif place sur la question du revenu paysan au cœur de ses priorités, à l'heure où les partenaires internationaux insistent sur le partage plus équitable de la valeur dans la chaîne cacao.

Une filière sous tension

La campagne 2024-2025 a été marquée par des vents contraires : chute de la production du fait des conditions climatiques défavorables, les pressions accrues des acheteurs internationaux face aux exigences de traçabilité et de durabilité. Ces tensions ont renforcé la visibilité d'une équation délicate : comment assurer aux producteurs un revenu décent, tout en maintenant la compétitivité de la filière et la stabilité budgétaire de l'État, qui capte une partie des revenus via les prélèvements parafiscaux ?

Toute hausse du prix bord champ devra cependant tenir compte des marges de manœuvre budgétaires et des capacités de commercialisation du Conseil du Café-Cacao, alors que les exportateurs réclament davantage de flexibilité face aux exigences des marchés mondiaux. La Côte d'Ivoire, qui assure avec le Ghana près de 60 % de l'offre mondiale, tente de renforcer son pouvoir de négociation grâce à l'Initiative Cacao Côte d'Ivoire-Ghana (ICCIG). Mais la fragmentation du marché, la pression des géants de la chocolaterie et les nouveaux standards européens sur la déforestation compliquent la donne. C'est donc entre impératif social, contrainte budgétaire et enjeux géopolitiques que sera tranché le nouveau prix.

Narcisse Angan

Publié le 30/09/25 18:13

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