La Guinée vient de franchir une étape décisive dans son intégration aux marchés financiers internationaux. En effet, l'agence de notation américaine Standard & Poor's (S&P) a attribué ce 18 septembre au pays, sa toute première note souveraine, fixée à B+ à long terme et B à court terme, avec perspective stable. Une évaluation qui traduit à la fois la reconnaissance des progrès macroéconomiques réalisés et les défis structurels qui persistent.
Cette notation inaugurale place la Guinée au-dessus de la moyenne continentale et en fait, selon les autorités du pays, la troisième économie la mieux notée en Afrique de l'Ouest. Elle constitue un signal fort envoyé aux investisseurs internationaux, ouvrant la voie à un accès plus direct et potentiellement moins coûteux aux financements extérieurs.
‘'L'attribution de la notation B+ signale un nouveau départ pour la Guinée. Elle démontre que nos réformes portent leurs fruits et que l'État guinéen est désormais un partenaire fiable et une destination émergente pour les investisseurs internationaux'', a réagi Djiba Diakité, ministre directeur de cabinet du président de la République.
Dans son rapport, S&P souligne le rôle central du secteur minier, véritable pilier de l'économie guinéenne. Leader mondial de la bauxite et producteur d'or de premier plan, le pays mise désormais sur le projet Simandou, appelé à devenir la plus grande mine de fer au monde, avec un minerai à haute teneur de 65%. L'agence estime que sa mise en exploitation pourrait générer une croissance du PIB de l'ordre de 10% par an. Parallèlement, la montée en puissance des exportations et les efforts de raffinage local devraient contribuer à réduire les déficits extérieurs et à accroître la valeur ajoutée nationale.
Des indicateurs macroéconomiques en amélioration
La Guinée affiche désormais une inflation ramenée à 3,5%, contre plus de 11% en moyenne sur la période 2020-2022. Le déficit budgétaire est projeté en dessous de 3% du PIB pour la période 2025-2028. Autre signal fort, le rebasage du PIB, conduit avec l'appui de la BAD, du FMI et de la Banque mondiale, qui a porté le PIB nominal 2024 à 36,3 milliards de dollars, soit une augmentation de près de 50%. Cette révision positionne la Guinée comme la deuxième économie d'Afrique de l'Ouest en termes de taille nominale.
Pour les autorités, cette notation n'est pas une fin en soi, mais un levier pour accélérer la mise en œuvre du Programme Simandou 2040, qui vise à transformer la Guinée en une puissance minière et industrielle régionale. Elle devrait faciliter la conclusion d'accords de financement internationaux indispensables à la réalisation des projets stratégiques du pays.
Narcisse Angan
Publié le 19/09/25 17:31