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Ce 8 juillet 2025, Kigali a été le théâtre d'une annonce hautement symbolique pour l'avenir économique du continent. Le Fonds de crédit de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a concrétisé son tout premier investissement. Un prêt garanti de 10 millions de dollars a été octroyé à Telecel Global Services Ltd, une filiale du groupe mauricien Telecel, active dans la connectivité voix, SMS et entreprise. Mais au-delà de la simple transaction financière, cette opération incarne la volonté de l'Afrique de bâtir une infrastructure numérique robuste au service de l'intégration régionale.
Connecter pour commercer
Dans un continent où les barrières physiques et réglementaires freinent encore les échanges, la connectivité numérique apparaît comme un accélérateur naturel de l'ambition de la ZLECAf. L'investissement dans Telecel vise à renforcer les infrastructures dans des marchés peu desservis, notamment au Ghana et au Libéria, tout en réduisant la fracture numérique. L'objectif est de permettre aux entreprises et aux États de mieux s'insérer dans les chaînes de valeur régionales, fluidifier les échanges transfrontaliers, et soutenir une industrialisation inclusive et durable.
Un Fonds conçu pour atténuer les chocs et soutenir la transition
Créé par le Secrétariat de la ZLECAf en partenariat avec la Banque africaine d'import-export (Afreximbank), le Fonds d'ajustement vise à accompagner les États membres et le secteur privé dans leur adaptation à la nouvelle donne commerciale continentale. Il comprend trois volets, dont un Fonds de crédit, destiné à injecter du capital là où les besoins sont critiques pour la compétitivité régionale.
Cette première opération est donc un test grandeur nature de l'utilité de l'outil, saluée par ses principaux architectes.
‘'Cet investissement démontre comment des capitaux ciblés peuvent accélérer la connectivité, soutenir le commerce intra-africain et stimuler la résilience économique'', souligne Jean-Louis Ekra, président du conseil d'administration du Fonds d'ajustement.
À travers cet engagement, le Fonds de crédit envoie un signal double. Aux investisseurs privés, il montre que des mécanismes de soutien existent pour réduire le risque et accélérer les projets structurants. Aux États membres, il rappelle que la ZLECAf n'est pas un simple accord commercial, mais un véritable levier de transformation économique, à condition d'investir dans les bons secteurs.
Pour S.E. Wamkele Mene, secrétaire général du Secrétariat de la ZLECAf, l'investissement dans le numérique est une étape logique : ‘'Nous contribuons ici à certains des leviers les plus essentiels de la facilitation des échanges, de l'industrialisation et du développement des chaînes de valeur.''
En soutenant Telecel, le Fonds cible le segment stratégique de l'économie numérique, pierre angulaire de l'industrialisation moderne. Telecel Global Services, qui dessert plus de 250 opérateurs de télécommunications, apparaît comme un acteur-clé pour relier les entreprises africaines entre elles et au reste du monde.
Marlene Ngoyi, directrice générale de FEDA, gestionnaire du Fonds, résume ainsi la vision long terme : ‘'Ce partenariat avec Telecel incarne notre engagement à bâtir une Afrique connectée, compétitive et résiliente.''
Avec ce premier investissement, le Fonds d'ajustement de la ZLECAf ne se contente pas de soutenir une entreprise, il met en place les bases d'une architecture économique régionale solide et interconnectée, capable de stimuler les échanges, d'accélérer l'industrialisation, et de favoriser une croissance partagée. C'est un acte fondateur qui rappelle que l'intégration africaine ne se décrète pas, elle s'investit.
Pour rappel, le Fonds d'ajustement de la ZLECAf est structuré en trois sous-fonds : un Fonds de base pour compenser les pertes de recettes douanières, un Fonds général destiné à financer les infrastructures commerciales, et un Fonds de crédit pour mobiliser des financements en faveur des secteurs public et privé.
La Rédaction
Publié le 08/07/25 08:40
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