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Le groupe Unilever a annoncé ce 8 avril avoir conclu un accord pour la cession intégrale de sa participation dans sa filiale ivoirienne. L'acquéreur : un consortium d'investisseurs privés mené par la SDTM, acteur majeur de la grande distribution en Côte d'Ivoire, filiale du conglomérat Carré d'Or. L'opération, qui se fera sous forme de transfert de titres, portera sur 99,78% du capital social et des droits de vote de Unilever Côte d'Ivoire, selon le communiqué consulté par Sika Finance. Le montant de la transaction n'a pas été dévoilé, mais la finalisation est attendue dans les prochains mois, sous réserve des autorisations réglementaires nécessaires.
Cette cession marque un tournant stratégique pour Unilever, qui préfère se désengager d'une filiale en difficulté plutôt que de poursuivre son redressement. Avec un chiffre d'affaires mondial de 60,8 milliards d'euros en 2024, soit près de 40 000 milliards FCFA, le groupe anglo-néerlandais a clairement fait le choix de rationaliser son portefeuille. En Côte d'Ivoire, sa filiale a connu des années de sous-performance, illustrées par une longue série de pertes, à l'exception de deux exercices bénéficiaires depuis 2011.
En 2023, Unilever CI affichait un résultat net positif de 640 millions FCFA, après une lourde perte de 6,4 milliards FCFA en 2022. Le chiffre d'affaires atteignait 34,7 milliards FCFA, en recul de 4% sur un an. Malgré ce léger rebond, les fonds propres restaient négatifs à -10,7 milliards FCFA, signe d'un affaiblissement structurel persistant. À titre de comparaison, la société réalisait encore plus de 80 milliards FCFA de chiffre d'affaires en 2011.
Chiffres d'affaires et résultats net d'Unilever Côte d'Ivoire entre 2010 et 2023 - Source : Sika Finance
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La filiale, qui constituait la base de référence d'Unilever pour le marché UEMOA, a progressivement cédé ses actifs stratégiques. Depuis 2018, elle a vendu les droits sur plusieurs marques emblématiques telles que Blue Band, Rama, Lipton, ou encore OMO, dont la production a été délocalisée. Même des actifs immobiliers ont été cédés, comme un terrain en 2020. Ces restructurations successives n'ont pas suffi à restaurer la rentabilité.
Challenge
Pour la SDTM, ce rachat représente un défi industriel et commercial majeur, mais aussi une opportunité de renforcer sa position sur le segment des biens de grande consommation. La société peut s'appuyer sur l'expertise et l'envergure de sa maison mère, le groupe Carré d'Or, actif depuis plusieurs décennies dans l'agroalimentaire, la distribution et la logistique. Ce dernier affiche clairement sa volonté d'intégrer l'ensemble de la chaîne de valeur, des unités de production aux points de vente.
En 2022, Carré d'Or avait déjà marqué les esprits en remportant la concession des marques Coca-Cola en Côte d'Ivoire, un contrat accompagné d'un investissement de 100 millions d'euros (65,5 milliards FCFA) dans une nouvelle usine d'embouteillage située dans la zone industrielle du PK24 à Abidjan. L'année suivante, sa filiale SDTM avait également acquis les activités d'eau minérale de Solibra, filiale du français Castel, pour 11 milliards FCFA, renforçant ainsi son positionnement sur un marché dominé par sa propre marque, Céleste.
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Avec le rachat de Unilever CI, Carré d'Or franchit une nouvelle étape dans sa stratégie de montée en puissance, affirmant son ambition de devenir un acteur incontournable de l'agroalimentaire et de la grande distribution en Afrique de l'Ouest. Et ce, dans un contexte où les groupes locaux montrent de plus en plus leur capacité à reprendre le flambeau des multinationales en perte de vitesse sur les marchés africains.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 09/04/25 02:23
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