Le gouvernement fédéral du Nigeria est en discussions avancées avec Google, filiale du groupe américain Alphabet, en vue du déploiement d'un nouveau câble sous-marin destiné à renforcer l'infrastructure internet du pays le plus peuplé d'Afrique. Une initiative qui répond à la fois à des impératifs de sécurité, de performance technologique et d'ambitions économiques régionales.
Au cœur des discussions figure une préoccupation majeure des autorités nigérianes : la forte dépendance du pays à des câbles sous-marins empruntant des tracés similaires vers l'Europe. Cette configuration expose l'économie numérique nationale à un ‘'point de défaillance unique'', comme l'a clairement souligné Kashifu Inuwa Abdullahi, directeur général et PDG de l'Agence nationale de développement des technologies de l'information (NITDA). Lors d'un entretien accordé à Abuja, il a insisté sur la nécessité de diversifier les routes de connectivité afin de se prémunir contre les coupures d'internet, devenues récurrentes sur le continent.
Ces interruptions, souvent causées par des dommages sur les câbles sous-marins, ont mis en évidence la vulnérabilité des infrastructures numériques africaines à un moment où la demande explose. L'Afrique, qui abrite la population à la croissance la plus rapide au monde, voit ses besoins en bande passante, en cloud computing et en puissance de calcul augmenter rapidement, notamment sous l'effet de la montée en puissance de l'intelligence artificielle et des services numériques avancés.
Pour le Nigéria, l'enjeu dépasse largement la simple amélioration de la connectivité. Le pays ambitionne de devenir un hub numérique régional, capable d'attirer des investissements technologiques, de soutenir l'innovation locale et de stimuler la croissance économique. ‘'Nous cherchons à accroître nos investissements dans les systèmes technologiques afin de rendre le cloud et la puissance de calcul plus fiables'', a expliqué Abdullahi, précisant que les discussions ne se limitent pas à Google, mais incluent également d'autres géants mondiaux de la technologie.
De son côté, Google confirme que les négociations avec le gouvernement nigérian sont à un stade avancé, sans toutefois dévoiler les détails du projet. Le groupe américain avait déjà annoncé son intention de construire quatre nouveaux centres d'infrastructure en Afrique afin de connecter des câbles sous-marins à fibre optique de dernière génération, renforçant ainsi son empreinte stratégique sur le continent.
Si le projet se concrétise, il pourrait marquer un tournant décisif pour l'écosystème numérique nigérian. En sécurisant ses liaisons internationales et en améliorant l'accès à des infrastructures cloud robustes, le Nigéria se donnerait les moyens de soutenir la transformation digitale de ses entreprises, d'améliorer l'accès à internet pour des millions de citoyens et de consolider sa position de locomotive numérique en Afrique de l'Ouest.
Narcisse Angan
Publié le 23/12/25 15:38