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Après une année 2023 marquée par une crise politique sans précédent, l'économie nigérienne entrevoit une reprise en 2024, notamment grâce à la montée en puissance des recettes pétrolières. Selon un récent rapport de la Banque mondiale sur le pays, la production pétrolière jouera un rôle crucial dans la relance de la croissance, qui devrait atteindre 5,7% en 2024 ainsi qu'une moyenne de 6,5% en 2025-26, après avoir chuté à 2% l'année précédente, en raison des sanctions de la CEDEAO et de l'UEMOA.
Il convient de rappeler qu'avant la crise, la croissance du PIB nigérien avait été projetée à 6,9% en 2023 et devait atteindre 12% en 2024 ; soit l'une des croissances économiques la plus élevée de l'Afrique subsaharienne.
L'oléoduc, moteur de la croissance à moyen terme
La mise en service de l'oléoduc fin 2023 devrait considérablement augmenter les exportations de pétrole, qui constitueront le moteur principal de la croissance à court terme. A titre d'illustration, le rapport précise que l'augmentation de la production de pétrole prévue amènerait le secteur pétrolier à représenter 13% du PIB du Niger d'ici 2030 (en fonction de la production), contre environ 2% en 2023, dans l'hypothèse d'un prix du pétrole à 60 dollars le baril.
D'un coût de construction de 2,3 milliards de dollars et long de 2 000 km, l'oléoduc relie les puits pétroliers du gisement de l'Agadem au sud du Niger au port béninois de Sèmè.
Avec l'effondrement continu des revenus tirés de l'uranium dont le Niger est grand producteur, le pays mise désormais sur l'or noir, dont les réserves tournent autour de 2 milliards de barils, pour doper son budget. Niamey qui aurait ainsi rehaussé sa production pétrolière à 10 000 barils/jour, dont 90 000 sont exportés, envisage de la porter à 200 000 barils/jour en 2026.
Ce regain de vigueur économique pourrait également avoir un impact positif sur la réduction de l'extrême pauvreté, laquelle devrait reculer à 42,5% d'ici 2026, contre 48,4% en 2023. Toutefois, ce redressement dépendra de plusieurs facteurs, notamment la gestion efficace des revenus pétroliers au profit des populations et la diversification de l'économie, encore largement dépendante de l'agriculture pluviale.
L'année 2023 a été marquée par une série de sanctions économiques imposées à la suite d'un changement anticonstitutionnel de gouvernement intervenu le 26 juillet 2023. Ces sanctions ont fortement affaibli les secteurs non pétroliers, notamment les industries et services, qui peinent à se relever. Le pétrole reste cependant une ressource volatile et non renouvelable, avec des réserves limitées qui pourraient décliner dès le milieu des années 2030. Face à cette réalité, les experts de la Banque mondiale insistent sur l'importance d'investir dans des secteurs porteurs comme l'éducation, afin de garantir une croissance inclusive et durable.
La levée des sanctions en février 2024 a permis un retour partiel des financements extérieurs et une reprise des dépenses publiques, créant une marge de manœuvre pour la relance économique. Pour assurer une croissance soutenue, il est crucial de renforcer la mobilisation des recettes intérieures, tant dans le secteur pétrolier que dans les secteurs non pétroliers. Selon Mahama Samir Bandaogo, économiste senior à la Banque mondiale, ‘'la volatilité des revenus pétroliers nécessite une gestion prudente pour éviter les fluctuations économiques, tout en maximisant les retombées sociales, notamment dans l'amélioration des infrastructures éducatives''.
Bien que le pétrole soit un facteur de relance pour le Niger, il est essentiel de ne pas se reposer uniquement sur cette ressource et d'accélérer les réformes pour diversifier l'économie et créer une base de croissance plus résiliente et durable.
Dr Ange Ponou
Publié le 13/10/24 13:03
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