La Fondation Aliko Dangote, soutenue par l'homme le plus riche d'Afrique, s'apprête à injecter 688 millions de dollars, soit 385,6 milliards FCFA, dans l'éducation au Nigeria, au cours des dix prochaines années. Un engagement massif, qui place le magnat de l'industrie au cœur de l'un des défis structurants du pays : bâtir un capital humain capable de soutenir la croissance, l'innovation et la compétitivité à long terme.
Dès l'an prochain, 45 000 boursiers bénéficieront de ce programme. Mais l'objectif est beaucoup plus vaste : 1,33 million d'étudiants soutenus à terme, avec un accent particulier sur les filières STEM, Sciences, technologie, ingénierie et mathématiques. Ce choix n'est pas anodin. Le Nigeria, première économie africaine mais en pleine mutation, manque cruellement d'ingénieurs, de techniciens spécialisés, de chercheurs et de profils numériques pour accompagner son industrialisation et sa transition économique. L'initiative entend également renforcer la scolarisation des filles et la formation des enseignants, deux leviers essentiels dans un pays où les disparités régionales en matière d'accès à l'éducation demeurent très fortes.
Le constat est alarmant. Selon l'UNICEF, un enfant non scolarisé sur cinq dans le monde vit au Nigeria, et plus de la moitié des 230 millions d'habitants du pays vivent dans la pauvreté. En annonçant ce programme, Aliko Dangote a insisté sur l'enjeu national, tout en rappelant que les élèves ciblés seront ceux les plus exposés au décrochage scolaire ou dont le potentiel peut contribuer à transformer leurs communautés. Le milliardaire estime qu'une amélioration massive du niveau d'éducation représente un levier direct pour réduire les inégalités, stimuler la productivité, booster la croissance à long terme, et réparer une main-d'œuvre qualifiée, indispensable à l'économie de demain.
Ce programme intervient alors que le Nigeria traverse une période complexe : inflation élevée, faiblesse du secteur manufacturier, chômage persistant chez les jeunes. L'État fédéral, confronté à la contrainte budgétaire, peine à financer correctement l'éducation, laissant un espace que le secteur privé tente de combler. La contribution de Dangote vient donc renforcer un secteur essentiel, mais souvent négligé, tout en montrant que l'implication du secteur privé peut jouer un rôle structurant dans la transformation du pays.
Narcisse Angan
Publié le 12/12/25 11:29