Pays en développement : Les recettes de la Banque mondiale pour être un pays à revenu élevé

La majorité des pays en développement, après avoir atteint le statut de pays à revenu intermédiaire (tranche inférieure et supérieure comprise), éprouvent de plus en plus de difficultés à accéder à l'étape supérieure, c'est-à-dire celle de pays à revenu élevé.

Soulignons à ce stade que la Banque mondiale répartit les économies du monde en 4 catégories : faible revenu (PIB par habitant inférieur ou égal à 1 145 dollars), revenu intermédiaire inférieur (PIB/habitant compris entre 1 146 et 4 515 dollars), revenu intermédiaire supérieur (PIB/habitant compris entre 4 516 et 14 005 dollars) et revenu élevé (PIB/habitant supérieur à 14 005 dollars).

En effet, après un certain nombre d'années de prospérité économique engrangée, ces pays, selon l'institution de Bretton Woods, tombent généralement dans un piège, qu'elle appelle ‘'le piège du revenu intermédiaire''.

Sur les environ 70 pays à revenu intermédiaire recensés en 1990, dont près de 26% étaient situés en Afrique (notamment l'Afrique du Sud, la Libye et le Gabon), seuls 34 ont atteint le statut d'économies à revenu élevé en 2023. La Banque mondiale précise que plus d'un tiers de ces pays ont progressé grâce à leur intégration dans l'Union européenne ou à l'exploitation de nouveaux gisements de pétrole.

A fin 2023, on dénombrait à nouveau 108 pays à revenu intermédiaire, contribuant à plus de 40% au PIB mondial. L'échec de la majorité de ces pays à basculer dans la catégorie des économies à revenu élevé pourrait constituer un manque à gagner pour l'économie mondiale. C'est du moins ce que pense Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale lorsqu'il déclare que ‘'la bataille pour la prospérité économique mondiale sera en grande partie gagnée ou perdue dans les pays à revenu intermédiaire''.

Pour permettre donc à ces pays de se hisser au statut d'économie à revenu élevé, l'institution dont le siège est basé à Washington propose une nouvelle approche appelée la ‘'stratégie des 3i'' à travers l'édition 2024 de son Rapport sur le développement dans le monde publié le 1^er août dernier.

Cette approche qui vise à corriger les stratégies dépassées sur lesquelles s'appuient encore certains pays en développement stipule que pays à faible revenu doivent se concentrer uniquement sur des politiques visant à accroître l'investissement, c'est la phase 1i. Puis, une fois atteint le statut d'économie à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, ils doivent monter d'un cran et passer à la phase 2i, qui combine politiques d'investissement et d'''infusion''. Ce processus consiste à adopter des technologies provenant de l'étranger et à les diffuser dans l'ensemble de l'économie.

Enfin, arrivés au niveau de revenu intermédiaire supérieur, les pays doivent à nouveau changer de vitesse et passer à la phase finale des 3i : investissement, infusion et innovation. Dans la phase d'innovation, les pays ne se contentent plus d'emprunter des idées à la pointe mondiale de la technologie, ils en repoussent les limites.

Comme modèle de réussite, le rapport cite la Corée du Sud dont le revenu par habitant est passé de 1 200 dollars en 1960 à 33 000 dollars en 2023, après que le pays que le pays ait mis en œuvre un ensemble de mesures basé sur la stratégie des 3i.

Dr Ange Ponou

Publié le 04/08/24 15:07