Mercredi 19 novembre 2025, le groupe néerlandais Heineken a finalisé la cession de sa brasserie située à Bukavu, dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), à la société mauricienne Synergy Ventures Holdings Ltd pour la somme symbolique d'un euro. Cette opération, annoncée dans un communiqué du groupe, intervient après plusieurs mois de perte de contrôle opérationnel sur le site, conséquence directe de l'escalade des violences dans la région. La transaction devrait être officialisée d'ici la fin de l'année, et Heineken conserve une option de rachat valable trois ans si les conditions permettent une reprise viable des activités.
Selon le communiqué, cette décision vise avant tout à préserver les emplois et les moyens de subsistance, à maintenir des services communautaires essentiels et à éviter toute utilisation abusive des installations dans un contexte sécuritaire fragile. La brasserie de Bukavu employait directement et indirectement environ 1 000 personnes avant la crise. Synergy Ventures assumera désormais la responsabilité totale des opérations, de la sécurité des employés et des obligations fiscales.
Cette cession fait suite à une série d'événements dramatiques dans l'Est du Congo. Depuis le début de l'année, la région a été le théâtre d'une offensive éclair du mouvement rebelle M23, soutenu par le Rwanda selon Kinshasa, qui a conduit à la prise de contrôle de Goma en janvier puis de Bukavu en février. Ces combats ont provoqué des milliers de morts et le déplacement de centaines de milliers de civils.
Heineken avait dès juin 2025 signalé que des hommes armés avaient pris le contrôle de ses installations dans l'Est du pays, y compris à Bukavu. Face à cette stuation l'entreprise neerlandaise avait pris la décision de retirer l'ensemble de son personnel, " tout en continuant à soutenir financièrement ceux des employés touchés par la crise ". La filiale locale, Bralima, reste active dans les autres régions de la RDC non affectées par le conflit. Toutefois, la perte de contrôle sur Bukavu et Goma représente un coup dur. Ces villes concentraient près d'un tiers des opérations nationales du groupe.
La RDC, avec ses plus de 100 millions d'habitants, constitue un marché stratégique pour Heineken. Le pays contribue de manière significative au chiffre d'affaires du groupe pour la zone Moyen-Orient et Afrique, qui représente environ 14 % des revenus globaux. La suspension des activités dans l'Est du pays affecte donc directement la performance régionale de l'entreprise.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 19/11/25 14:48