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Le 30 juin 2025, à Séville (Espagne), la République centrafricaine (RCA) a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour un traitement différencié des pays en situation post-conflit engagés dans des processus de restructuration de leur dette. L'intervention s'est déroulée en marge de la cinquième table ronde du 4e Forum sur le financement du développement (FFD4), consacrée aux perspectives d'une nouvelle architecture de la dette souveraine tournée vers le développement.
S'exprimant au nom de son pays, le ministre des Finances et du Budget, Hervé Ndoba, a souligné la fragilité persistante de l'économie centrafricaine, marquée par des décennies d'instabilité sécuritaire et de crises humanitaires. Selon les données partagées, la RCA a perdu près de 7 points de produit intérieur brut en appuis budgétaires au cours des dernières années, une contraction aggravée par les tensions géopolitiques globales, qui ont réduit les marges de manœuvre budgétaires et renchéri le coût de l'endettement extérieur.
Bien que le niveau d'endettement de la RCA soit estimé à 58 % du PIB, un ratio inférieur au seuil communautaire de 70 % en vigueur dans la zone CEMAC, la soutenabilité de cette dette reste préoccupante. Le pays est aujourd'hui classé à haut risque de surendettement par le Fonds monétaire international, avec un service de la dette représentant 34 % de ses recettes budgétaires annuelles. Cette contrainte financière limite les capacités d'investissement dans les services publics de base et freine les efforts de reconstruction.
Face à ce constat, la délégation centrafricaine a plaidé pour une révision substantielle du Cadre commun du G20 pour le traitement de la dette. Hervé Ndoba a proposé notamment la suspension temporaire du service de la dette pour les pays en phase active de restructuration, la mise en place d'un dialogue coordonné entre créanciers bilatéraux, multilatéraux et privés, ainsi qu'un mécanisme de traitement équitable des créances pour accélérer les négociations.
Dans un contexte marqué par l'accumulation de vulnérabilités climatiques, économiques et sécuritaires, la RCA insiste également sur l'introduction de nouveaux instruments financiers adaptés aux réalités de ses pairs. Il s'agit notamment de clauses de suspension automatique des paiements en cas de catastrophes naturelles ou de chocs exogènes majeurs, de même que de dispositifs favorisant une meilleure prise en compte de la solvabilité réelle des États à faible revenu, au-delà de leur seul stock de dette.
Plus largement, la Centrafrique appelle à un repositionnement stratégique des Banques Multilatérales de Développement en faveur des investissements de long terme dans le capital humain, les infrastructures sociales et les mécanismes de résilience. Pour le pays, cette approche est indispensable à toute trajectoire de sortie durable de la fragilité.
En toile de fond, les autorités centrafricaines soulignent la nécessité d'une architecture financière internationale plus flexible et orientée vers les Objectifs de développement durable (ODD). Elles militent pour un système de gestion de la dette prenant en compte le contexte spécifique des pays confrontés à des conflits récurrents, tout en reconnaissant leurs efforts de stabilisation et de réforme.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 09/07/25 17:11
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