Barrage de Manantali : La dette du Mali menace la fourniture régionale d’électricité

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Le barrage hydroélectrique de Manantali, symbole d'une coopération régionale réussie entre le Mali, le Sénégal et la Mauritanie, est aujourd'hui au cœur d'une crise financière d'ampleur. Selon une lettre consultée par Reuters, le Mali accumule une dette de plus de 94 millions de dollars (soit environ 55 milliards FCFA) envers la SOGEM, l'entité chargée de la gestion du barrage. Une situation que la direction de la SOGEM qualifie de ‘'question de vie ou de mort'' pour l'avenir de ses installations.

Une infrastructure stratégique sous tension

Mis en service en 2002, le barrage de Manantali est un pilier de l'approvisionnement énergétique de l'Afrique de l'Ouest. Sa centrale d'une capacité de 200 mégawatts alimente principalement le Mali, qui reçoit plus de 50% de l'électricité produite, contre 33% pour le Sénégal et 15% pour la Mauritanie. La SOGEM, bras opérationnel de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), pilote ce projet structurant, fruit d'une coordination interétatique qui a coûté des centaines de milliards de FCFA à sa réalisation.

Mais aujourd'hui, cette success story énergétique se fissure. La lettre envoyée le 25 avril 2025 par le directeur général de la SOGEM, Mohamed Mahmoud Sid'Elemine, à son homologue d'Energie du Mali (EDM), sonne l'alarme : l'endettement du Mali envers l'opérateur menace gravement la pérennité des infrastructures. ‘'C'est désormais une question de vie ou de mort pour nos installations'', avertit le dirigeant.

Les origines d'une dette explosive

Si le détail de la dette n'est pas entièrement dévoilé, une source proche du dossier a confirmé à Reuters que l'essentiel des arriérés a été contracté au cours de l'année 2024. Une accumulation qui coïncide avec les difficultés financières croissantes de l'État malien et les défis structurels de sa compagnie nationale d'électricité, EDM. Cette dernière n'a pas souhaité commenter la situation à ce jour.

Le contexte politique et économique n'arrange rien. Les multiples coupures de courant enregistrées au Mali ces dernières années ont sapé la confiance de la population dans la gestion du pays par les autorités militaires issues des coups d'État de 2020 et 2021. L'électricité, ressource vitale pour les ménages et les entreprises, devient un enjeu social brûlant.

Au-delà du cas malien, cette affaire illustre les fragilités structurelles des systèmes électriques de la région sahélienne : sous-financement chronique, gouvernance déficiente, dépendance aux financements extérieurs. Elle rappelle aussi que les infrastructures régionales ne peuvent survivre sans une volonté politique forte et des engagements financiers clairs de la part des États bénéficiaires.

La Rédaction

Publié le 09/05/25 16:53

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