Le commerce extérieur du Burkina Faso a basculé dans une nouvelle dynamique au cours des six premiers mois de 2025. Après avoir enregistré un déficit de plus de 300 milliards FCFA au dernier semestre 2024, le pays affiche désormais un excédent de 790,6 milliards FCFA au premier semestre 2025, selon le bulletin statistique du pays. Une performance qui traduit la vigueur retrouvée des exportations et l'ajustement progressif des importations, dans un contexte marqué par la flambée des besoins énergétiques.
Ce retournement spectaculaire se voit clairement dans les chiffres. Sur la période sus-indiquée, le Burkina Faso a exporté pour 2 891 milliards FCFA de biens, tandis que ses importations se sont limitées à 2 100 milliards FCFA. En six mois, le Burkina Faso est ainsi passé d'une situation de dépendance à une position de force dans ses échanges extérieurs.
Les importations dominées par l'énergie
Mais si les flux se redressent, la structure des importations raconte une autre histoire : celle d'une dépendance persistante à l'énergie. Les hydrocarbures représentent à eux seuls plus d'un tiers des achats extérieurs, avec 375,2 milliards FCFA au deuxième trimestre 2025. Derrière ces chiffres se cache une réalité : la demande nationale en carburant ne cesse de croître, alourdissant la facture énergétique. Gaz butane (30,8 milliards) et électricité (30,6 milliards) s'inscrivent dans la même tendance, signe que le défi de l'accès à l'énergie reste entier.
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Au-delà de l'énergie, certaines importations traduisent les dynamiques d'investissement et de consommation du pays. Le clinker, indispensable à la production de ciment, bondit de 95,9 % en un an, révélant la vigueur du secteur de la construction. À l'inverse, les achats de riz reculent, tandis que les importations de moustiquaires progressent fortement, reflet des efforts de santé publique.
L'or, colonne vertébrale des exportations
Du côté des exportations, le pays mise plus que jamais sur son métal jaune. Avec 1 359,9 milliards FCFA au deuxième trimestre 2025, l'or représente 88 % de la valeur totale des ventes extérieures. Une domination écrasante qui confirme le rôle central du secteur aurifère, mais souligne aussi la fragilité d'une économie tributaire d'un seul produit.
Pourtant, d'autres filières se distinguent et esquissent les contours d'une diversification en construction. Les exportations de sésame et la tomate reculent, mais celle de la noix de cajou (+199,9 %), de mangues (+95,1 %) et de beurre de karité (+100,4 %) s'envolent. Ces hausses exponentielles montrent qu'au-delà de l'or, des produits agricoles trouvent progressivement leur place sur les marchés internationaux.
Reste que cette embellie demeure fragile, car elle dépend étroitement de l'évolution des cours de l'or et de la facture énergétique. Pour consolider ces acquis, le pays devra miser sur le développement de ses filières agricoles et industrielles, afin d'ancrer durablement cette nouvelle dynamique. Rappelons que, en 2024, l'or avait déjà joué le rôle de catalyseur des échanges commerciaux, permettant au pays de sortir du déficit et de renouer avec un excédent après deux années consécutives de déficit commercial.
Fanuelle YAO
La Rédaction
Publié le 29/08/25 12:29