Longtemps perçue comme un simple levier social, la diaspora burkinabè s'impose désormais comme un acteur économique majeur. En 2025, ses transferts ont contribué à 3% du produit intérieur brut (PIB) du Burkina Faso, selon les données du Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES). Un niveau significatif qui souligne l'importance stratégique de cette manne financière pour une économie nationale en quête de stabilité et de diversification.
Le ministre des Affaires étrangères, Karamoko Jean Marie Traoré, a rappelé devant l'Assemblée législative de transition que la diaspora, forte d'environ 16 millions de Burkinabè, injecte chaque année plus de 200 milliards FCFA dans l'économie par des canaux légaux, selon les estimations de la BCEAO.
Mais les chiffres de la Banque mondiale révèlent une réalité encore plus éloquente : 352 milliards FCFA transférés en 2023, contre 319 milliards FCFA en 2022 et 348 milliards FCFA en 2021. Autrement dit, la diaspora contribue plus que l'aide publique au développement (APD) reçue par le pays, un constat lourd de sens dans un contexte où la coopération internationale se resserre et où les besoins en financement public augmentent.
Un soutien vital pour l'économie réelle
Ces transferts de fonds ne se limitent pas à la sphère familiale. Ils irriguent des pans entiers de l'économie informelle et participent au financement d'activités génératrices de revenus, notamment dans le commerce, l'agriculture, l'immobilier et les services urbains. Dans un pays où l'accès au crédit demeure limité et où le tissu productif repose sur les petites et moyennes entreprises, la diaspora agit comme un filet de sécurité économique et social.
Cette dynamique contribue également à stabiliser la balance des paiements et à soutenir la consommation intérieure, un levier crucial pour maintenir la croissance dans un environnement régional marqué par des tensions sécuritaires et un resserrement budgétaire.
Les autorités misent dès lors sur cette manne à travers la Stratégie nationale de gestion de la diaspora (SNGD), qui vise à canaliser ces flux vers des secteurs porteurs, agriculture, énergie, logement, éducation et numérique.
À terme, le gouvernement ambitionne de faire passer sa contribution à près de 5% du PIB, en mobilisant davantage les Burkinabè de l'extérieur à travers des produits financiers spécifiques (obligations diaspora, fonds d'investissement dédiés, partenariats publics-privés).
La Rédaction
Publié le 13/11/25 17:32