À l'issue de la quatrième revue de la Facilité élargie de crédit (FEC) et des négociations pour un nouvel accord axé sur le climat, le Fonds monétaire international (FMI) annonce un double appui au Burkina Faso : un décaissement immédiat de 32,7 millions de dollars au titre de la FEC, portant le total des décaissements à 130,8 millions de dollars, et le lancement d'un nouveau programme de résilience climatique de 122,7 millions de dollars sur 18 mois via la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD).
L'équipe du FMI, conduite par Jaroslaw Wieczorek, a séjourné à Ouagadougou du 29 octobre au 12 novembre 2025 pour finaliser ces accords. Le conseil d'administration devrait approuver ces mesures début février 2026.
Des performances solides et une trajectoire budgétaire maîtrisée
Les performances enregistrées au premier semestre 2025 témoignent du sérieux de la trajectoire budgétaire burkinabè. Le respect des critères de réalisation à fin juin 2025 relatifs au déficit budgétaire primaire et au financement intérieur net, ainsi que de presque tous les objectifs indicatifs quantitatifs, conforte l'objectif de déficit budgétaire de 4% du PIB pour 2025. Une forte hausse des recettes a facilité l'apurement des arriérés et permis une bonne exécution des dépenses prioritaires dans les secteurs de l'éducation, de la santé et de la protection sociale.
Les autorités ont réaffirmé leur engagement à respecter le plafond du déficit budgétaire de l'UEMOA fixé à 3% du PIB au plus tard en 2027, impliquant un ajustement budgétaire considérable d'environ 3 points de pourcentage du PIB depuis 2024. Le projet de loi de finances 2026 prévoit un déficit budgétaire de 2,8% du PIB dans un contexte de croissance robuste. Toutefois, conformément au cadre budgétaire à moyen terme, le déficit pourrait atteindre 3,5% du PIB en 2026 pour permettre l'absorption de financements extérieurs concessionnels supplémentaires destinés aux projets et dépenses sociales financés par les partenaires au développement.
Le FMI salue la résilience économique du Burkina Faso, qui affiche des perspectives encourageantes malgré les défis sécuritaires persistants. La croissance du PIB réel est attendue à 5% en 2025, soutenue par la flambée des prix internationaux de l'or et les réformes en cours dans le secteur minier. Cette dynamique devrait se maintenir en 2026. L'inflation, projetée à -0,5% en moyenne en 2025 grâce à la baisse des prix locaux des denrées alimentaires et de l'énergie, devrait redevenir positive en 2026 tout en restant sous le point médian de 2% de la fourchette cible de la BCEAO. Les exportations d'or, particulièrement vigoureuses, devraient générer un léger excédent de la balance courante en 2025 et à court terme.
Résilience climatique et gouvernance au cœur des réformes
Le nouveau programme FRD vise à renforcer la résilience macroéconomique et la stabilité extérieure du Burkina Faso en s'attaquant aux vulnérabilités liées au climat. La matrice de réformes proposée repose sur quatre axes stratégiques : institutionnaliser la gestion et le financement des risques de catastrophe, ancrer la résilience climatique dans les investissements publics, promouvoir l'approvisionnement durable en énergie propre et en eau, et attirer des financements climatiques en publiant des données sur les risques climatiques et en améliorant la dissémination des investissements dans ce domaine. L'accent est mis sur des mesures avec des impacts positifs significatifs sur les finances publiques et la balance des paiements.
Sur le plan de la gouvernance, le Burkina Faso a mis en œuvre des réformes majeures qui lui ont permis de sortir de la liste grise du GAFI. Cinq des onze principales recommandations du diagnostic sur la gouvernance du FMI ont déjà été mises en œuvre, les six restantes constituant le cœur de l'agenda structurel du programme FEC. Ces réformes incluent le renforcement de l'intégrité de l'administration fiscale, la garantie de la transparence dans l'attribution des permis miniers, ainsi que des mesures visant à renforcer le processus des marchés publics.
Pour Jaroslaw Wieczorek, chef de mission du FMI pour le Burkina Faso, les résultats obtenus illustrent ''l'engagement des autorités en faveur du programme et leur détermination à poursuivre les réformes structurelles nécessaires.''
Fanuelle YAO
La Rédaction
Publié le 13/11/25 08:07