Le Burkina Faso tourne une nouvelle page de son ambition industrielle. En effet, le président du Faso, capitaine Ibrahim Traoré, a procédé à l'inauguration ce 25 novembre, la nouvelle usine de la Société nouvelle – Brasseries du Faso (SN-BRAFASO), un projet stratégique qui marque le retour d'un fleuron industriel tombé à l'arrêt depuis 2008.
Cette inauguration, présentée comme un acte majeur de souveraineté économique, consacre la volonté affichée des autorités du pays d'accélérer la réhabilitation des unités industrielles en difficulté et de consolider une base productive nationale tournée vers la transformation locale. Fermée depuis près de 17 ans, la SN-BRAFASO a bénéficié d'une réhabilitation de plus de 17 milliards FCFA (), financée en grande partie par l'État burkinabè. Avec un capital social de 6 milliards de FCFA, détenu à 70% par l'État, l'entreprise s'impose désormais comme un instrument industriel sous contrôle public renforcé.
L'usine, spécialisée dans la fabrication de boissons alcoolisées et non alcoolisées, est dotée d'une capacité de production annuelle de 600 000 hectolitres. Elle s'appuie sur une stratégie d'intégration locale en privilégiant les matières premières issues du terroir, notamment le maïs, le sorgho et le riz. Une orientation qui devrait bénéficier aux filières agricoles locales et contribuer à la sécurité économique du pays.
Au-delà du symbole industriel, la reprise des activités de la SN-BRAFASO annonce un impact socio-économique significatif. Selon les autorités, 200 emplois permanents sont créés, 100 emplois non permanents et jusqu'à 20 000 emplois indirects devraient émerger dans les chaînes d'approvisionnement, le transport, le commerce et l'agriculture. Pour un pays où l'emploi, notamment des jeunes, demeure un défi structurel, cette relance apparaît comme une bouffée d'oxygène, avec un potentiel d'entraînement sur l'ensemble de l'écosystème local.
La relance de la SN-BRAFASO pourrait également redessiner la concurrence sur le marché des boissons au Burkina Faso, dominé par quelques acteurs historiques. En soutenant un opérateur majoritairement public, les autorités misent sur un modèle où l'industrie nationale devient un levier de développement, de création de valeur locale et de stabilisation économique.
Narcisse Angan
Publié le 25/11/25 15:28