Le ministre camerounais de l'Eau et de l'Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a procédé ce 15 septembre 2025, à Maroua au lancement officiel des travaux d'extension des centrales solaires de Maroua et Guider, dans la région de l'Extrême-Nord. Ce projet vise à ajouter 28,6 mégawatts-crête (MWc) de capacité solaire et 19,2 MWh de stockage pour stabiliser l'approvisionnement électrique de trois régions septentrionales historiquement déficitaires.
L'opération consiste à porter la capacité de la centrale de Maroua de 17,9 MWc à 37,7 MWc (+19,8 MWc) et celle de Guider de 17,9 MWc à 26,7 MWc (+8,8 MWc). Le contrat pour ces travaux a été signé le 5 juin 2024 entre la société camerounaise Eneo, contrôlée par le fonds d'investissement britannique Actis, et Release, filiale de la norvégienne Scatec. Cette dernière avait construit et mis en service les centrales initiales en septembre 2023.
Le coût total des travaux n'a pas été officiellement divulgué. Cependant, en prélude au projet, Release a obtenu un financement d'un peu plus de 60 milliards FCFA (environ 100 millions de dollars) de la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé. Officiellement, ces fonds sont destinés à de nouveaux projets au Cameroun et au Tchad.
La réalisation de l'extension est facilitée par une garantie financière de 6 milliards FCFA accordée par l'État camerounais au profit d'Eneo. Lors de la défense du budget 2025 de son ministère à l'Assemblée nationale, le ministre Essomba avait annoncé que son homologue des Finances, Louis Paul Motazé, avait déjà donné son accord de principe pour cette garantie. Le gouvernement précise que la procédure pour son octroi est actuellement en cours.
Les centrales existantes, qui ont injecté leurs premiers kWh dans le réseau en février 2022, ont déjà produit 104,16 Gigawatt-heures (GWh) d'électricité à la date de décembre 2024, selon une déclaration du ministre Essomba devant les députés. Cette production a permis une économie estimée à plus de 41 milliards FCFA qui auraient été dépensés si la même énergie avait été produite par des centrales thermiques au gasoil.
Selon l'opérateur Eneo, les régions du Nord, de l'Adamaoua et de l'Extrême-Nord ‘'n'ont pas connu les habituels délestages pour cause de déficit de production depuis le premier trimestre 2023'' grâce à ces installations solaires. Le Nord du pays dépendait largement de l'hydroélectricité du barrage de Lagdo, dont la production a connu une baisse drastique ces dernières années.
La seconde phase du projet prévoit l'installation de 1 040 trackers solaires, chacun équipé de 52 000 panneaux bifaciaux en silicium monocristallin d'une puissance unitaire moyenne de 550 Wc. Pour pallier l'intermittence de la production solaire, des batteries de type LFP (Lithium-Fer-Phosphate) d'une capacité de 19,2 MWh seront intégrées au système pour garantir une alimentation stable durant les heures de pointe en soirée.
Cet investissement s'inscrit dans la stratégie du Cameroun pour diversifier son mix énergétique, encore largement dominé par l'hydroélectricité. Le directeur général d'Eneo, Amine Homan Ludiye, estime que les capacités solaires du pays devraient atteindre 250 MW à l'horizon 2030. Le projet vise autant à sécuriser l'accès à l'électricité dans des régions pauvres et enclavées qu'à réduire la facture des combustibles fossiles pour la production thermique.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 15/09/25 19:11