Daouda Coulibaly, président de l’APBEF-CI : ‘’L’élément principal d’amélioration de la résilience des banques demeure les fonds propres’’

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Daouda Coulibaly, président de l'APBEF-CI (Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d'Ivoire):

L'élément principal d'amélioration de la résilience des banques demeure les fonds propres

Président de l'APBEF-CI (Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d'Ivoire) depuis décembre 2019, Daouda Coulibaly représente une filière animée par une trentaine de compagnies dont des filiales de grands groupes. Il analyse dans cet entretien l'environnement contraignant induit par la crise de la Covid-19, les mesures d'accompagnement de la BCEAO ainsi que les défis d'un secteur qui se prépare à en amortir le choc.

Diplômé de HEC Paris, il est à la tête de la SIB (société ivoirienne de banque), un établissement qui réalise des performances fort remarquables ces quelques années.

La crise et les mesures de restriction mises en place dans les Etats ont eu pour conséquence un ralentissement de l'activité économique avec des impacts variant d'un secteur à l'autre. Qu'en est-il du secteur bancaire et financier ? Comment cette crise se manifeste-t-elle à votre niveau ?

Merci de l'occasion que vous nous donnez d'évoquer ce sujet. Nous vivons une crise inédite, une crise mondiale et effectivement nos économies ne sont pas en reste. La progression des PIB a été revue et, pour beaucoup de pays, elle sera négative.  Plusieurs secteurs d'activités sont touchés et le monde bancaire ne sera pas épargné. Il est affecté à plusieurs niveaux. Le premier, comme pour tous les acteurs économiques, les prévisions de croissance seront revues à la baisse. En effet, nos clients étant impactés, ils vont investir moins, consommer moins et reporter des projets à des moments plus propices, sauf pour saisir des opportunités.

Autant l'impact sur nos clients est direct et perceptible, autant pour les banques il est plus lent et prolongé dans le temps. Nous voyons notre production de crédit ralentir progressivement.

Dans cette même veine, des secteurs comme les campagnes de noix de cajou, de coton, … étant fortement atteints, nous ne pourrons pas apporter les financements prévus. Cela engendrera, de façon très probable, une baisse des produits bancaires. L'autre aspect est que les établissements de crédits sont le réceptacle des difficultés que connaissent leurs clients. Des entreprises et des salariés mis au chômage sont en incapacité de faire face à leurs engagements vis-à-vis des banques. Nous anticipons un niveau de dégradation des portefeuilles relativement important. Cette dernière se traduira par des provisions à passer dans les comptes de résultat.

" Autant l'impact sur nos clients est direct et perceptible, autant pour les banques il est plus lent et prolongé dans le temps. Nous voyons notre production de crédit ralentir progressivement ".

Enfin, signalons les charges induites par cette pandémie afin de continuer à servir nos clients, à savoir les achats de gels, de masques, d'outils de travail à distance, etc. Nous remplissons une mission d'intérêt général, nous devons continuer à servir nos clients tout en les préservant, ainsi que nos employés.

Les conditions de crédits sont restées stables. Il faut toutefois noter une plus grande attention dans l'analyse des dossiers en raison de la pandémie.

Au niveau du crédit, a-t-on une idée globale de l'évolution sur ce segment d'activité ? Et au niveau des dépôts ?

Il est prématuré de faire un point à cet instant. Autant l'impact sur nos clients est direct et perceptible, autant pour les banques il est plus lent et prolongé dans le temps. Nous voyons notre production de crédit ralentir progressivement. Pour ce qui concerne les remboursements des engagements, les clients de bonne foi et solides essaierons d'y faire face mais pourraient noter avec le temps leur incapacité à les honorer. Nos impacts seront plus perceptibles sur les 3ième et 4ième trimestres. Notamment avec la mise en place des mesures de report d'échéances préconisées par la Banque Centrale.

Quelles sont les problématiques auxquelles les banques vont être confrontées dans cette période ?

Outre celles que nous avons évoquées plus haut, il faut signaler les efforts que nous avons développés pour rester ouvert afin de servir nos clients. Signalons également la problématique majeure relative au niveau de liquidité des banques commerciales qui reste pendante. Bien que le secteur ait réussi à atténuer les craintes d'illiquidité des premières semaines, le risque n'en demeure pas pour autant faible.

Ne pas distribuer de dividende serait un mauvais signal à ceux qui s'intéressent au marché financier.

Merci de retrouver le reste de l'interview dans la dernière édition de notre magazine " Marché Financier : Bilan et Perspectives " qui vient de paraître. Cliquer sur l'image en dessous pour le téléchargement (gratuit).

 

Bonne lecture et merci de nous suivre au quotidien sur www.sikafinance.com

Jean Mermoz Konandi

Publié le 15/10/20 19:23

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