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Le géant italien de l'énergie ENI a annoncé ce 23 juin avoir réussi la première exportation d'huile végétale produite en Côte d'Ivoire à partir de résidus d'hévéa. Une avancée concrète dans sa stratégie de transition énergétique, qui s'appuie de plus en plus sur des filières agricoles durables en Afrique pour sécuriser son approvisionnement en matières premières.
Transformée localement et certifiée selon la norme internationale ISCC‑UE, cette huile végétale a été acheminée vers les bioraffineries du groupe Enilive en Italie, où elle sera utilisée pour produire des biocarburants avancés destinés aux secteurs du transport terrestre, aérien et maritime. Bien que le volume de cette première cargaison ne soit pas encore précisé, elle s'inscrit dans un programme plus large lancé en 2024, visant à produire 700 000 tonnes de biocarburant par an d'ici 2026.
Pour y parvenir, ENI prévoit de mobiliser jusqu'à 700 millions d'euros d'investissements en Afrique, et de s'appuyer sur un réseau de 700 000 petits agriculteurs. Le continent devrait ainsi fournir près d'un quart des 3 millions de tonnes de matières premières nécessaires chaque année, notamment des huiles végétales, des huiles de cuisson usagées et des graisses animales.
La Côte d'Ivoire, premier producteur africain et troisième producteur mondial d'hévéa, est au cœur de cette stratégie. Elle devrait à terme produire 50 000 tonnes d'huile végétale par an, aux côtés d'autres pays comme le Kenya, le Congo, le Mozambique et l'Angola. L'industrialisation des résidus d'hévéa, jusqu'ici peu valorisés, constitue un tournant pour les producteurs locaux, désormais intégrés à une nouvelle chaîne de valeur fondée sur l'économie circulaire. “C'est une excellente nouvelle pour la Côte d'Ivoire, qui pourra désormais tirer des revenus additionnels de résidus jusqu'alors inutilisés”, a indiqué une source proche du dossier. Un changement qui devrait favoriser la diversification économique et améliorer les conditions de vie des communautés rurales
Cette dynamique pourrait également déboucher sur des investissements industriels plus structurants. Selon les autorités ivoiriennes, ENI prévoit à terme la construction d'une raffinerie de biocarburant en Côte d'Ivoire, d'une capacité estimée à 40 000 barils par jour. Un projet qui viendrait renforcer l'ancrage du groupe italien dans le pays, où il est déjà présent depuis 2015.
ENI y exploite notamment le méga gisement offshore Baleine, dont la production devrait atteindre 150 000 barils par jour d'ici 2027. À travers cette double présence – pétrolière et agro-industrielle – le groupe entend concilier croissance énergétique et durabilité, dans une Afrique au cœur de sa stratégie climatique et industrielle.
Fanuelle YAO
La Rédaction
Publié le 23/06/25 17:13
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