Gabon : La Cour des comptes alerte sur la lenteur d’exécution des investissements publics

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Prévu à 599,9 milliards FCFA, le programme d'investissement public de 2024 n'a été exécuté qu'à 88,4%, soit 530,5 milliards FCFA effectivement dépensés. Si ce taux semble satisfaisant sur le papier, la Cour des comptes, dans un rapport que Sika Finance a pu consulter, note d'importants retards et des déséquilibres flagrants entre les secteurs. Les financements proviennent majoritairement de ressources internes (435,2 milliards FCFA), complétés par des financements extérieurs de 95,3 milliards de FCFA, fournis notamment par la BAD et Deutsche Bank.

En effet, la Cour relève que les secteurs de l'énergie et des infrastructures ont capté l'essentiel des ressources, tandis que des domaines essentiels comme l'éducation, la santé ou l'agriculture ont été partiellement exécutés, voire gelés. Certains programmes d'investissement enregistrent des taux d'exécution inférieurs à 50%, faute de suivi administratif et technique. Ces disparités nuisent à la cohérence du développement territorial et renforcent les déséquilibres régionaux.

Voir aussi- Gabon : Investir 10 milliards FCFA donne désormais droit à la résidence permanente

En analysant la chaîne d'exécution, la Cour met en lumière des retards dans la passation des marchés publics, sous-évaluation des coûts réels des projets et manque de coordination entre les ministères. Ces dysfonctionnements conduisent à des reports successifs d'exercice en exercice, entraînant des surcoûts et une perte d'efficacité. En parallèle, plusieurs projets financés par des bailleurs extérieurs souffrent d'un faible taux de décaissement, preuve de la complexité des procédures administratives.

Les constats de la Cour sont d'autant plus préoccupants que les besoins d'investissement du pays restent considérables. Les infrastructures routières, énergétiques et numériques nécessitent des financements massifs pour soutenir la croissance. Pourtant, l'État peine à absorber les crédits alloués. Une faiblesse qui compromet la crédibilité du Gabon auprès des partenaires financiers internationaux et retarde la mise en œuvre des politiques publiques.

Pour y remédier, la Cour, dans le sillage du FMI et de la Banque Mondiale, recommande un suivi trimestriel des projets d'investissement, la formation des gestionnaires publics et la simplification des circuits de validation. À défaut, l'État continuera de présenter des taux d'exécution flatteurs sans réelle transformation économique sur le terrain. En 2024, le pays a dépensé moins qu'il n'avait promis, et souvent là où les urgences n'étaient pas les plus fortes.

La Rédaction

Publié le 11/11/25 14:18

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