Gabon : Le Trésor public supprime les ordonnances antérieures pour restaurer la crédibilité financière

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C'est un véritable coup de tonnerre au Trésor public. Par un communiqué publié ce 6 octobre, le ministre d'État en charge de l'Économie, Henri-Claude Oyima, a annoncé la suppression pure et simple de toutes les ordonnances en instance de règlement antérieures à 2023. Une décision radicale qui s'inscrit dans le vaste chantier d'assainissement des finances publiques qu'il a lancé depuis plusieurs mois, alors que le pays fait face à une pression croissante sur sa dette et à une surveillance accrue des agences de notation internationales.

Selon le ministère, cette mesure vise à "garantir une exécution budgétaire plus saine et restaurer la crédibilité de la signature de l'État". Les entreprises concernées disposent d'un ultime délai, fixé au 17 octobre, pour déposer leurs justificatifs auprès de la Task Force chargée de vérifier la validité des créances avant tout éventuel reclassement. Pour le ministre, il s'agit pour le gouvernement de faire le tri dans les engagements douteux ou non certifiés accumulés depuis des années, un exercice sensible dans un contexte où le passif intérieur pèse lourdement sur la trésorerie de l'État.

Cette purge comptable intervient dans un climat de forte tension budgétaire. Pointé du doigt par Fitch Ratings, qui juge le budget 2026 du Gabon "irréaliste et risqué" notamment du fait de dépenses publiques dopées par une hausse de 97% prévue en 2026, le gouvernement gabonais reste dans l'expectative d'un hypothétique accord avec le FMI. Accord qu'il sera difficile de conclure avec un "déficit budgétaire de 15%" selon l'agence de notation.

En supprimant ces ordonnances antérieures à 2023 quelques jours à peine après les alertes de Fitch Ratings, Oyima cherche à envoyer un message de rigueur aux partenaires financiers et aux bailleurs multilatéraux. Le Gabon veut prouver qu'il ne reproduira pas les erreurs de la gestion passée. Un message adressé autant à l'intérieur qu'à l'extérieur et qui s'inscrit dans la dynamique des audits en cours sur la dette extérieure.

Reste à savoir si cette opération de nettoyage suffira à rétablir la confiance des investisseurs et du FMI, alors que l'agence de notation doute encore de la soutenabilité du programme économique gabonais. Entre ambitions d'investissement colossales et efforts d'assainissement douloureux, le gouvernement joue à un jeu d'échecs dont l'issue sera scrutée de très près par les marchés et les institutions internationales.

Idrissa DIAKITE

La Rédaction

Publié le 07/10/25 16:25

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