La Côte d'Ivoire a adopté une nouvelle feuille de route ambitieuse pour redynamiser la filière palmier à huile et la positionner durablement comme moteur de croissance économique. À l'occasion d'un atelier organisé en début octobre à Yamoussoukro, le Ministère de l'Agriculture, a validé une stratégie décennale estimée à 245,9 milliards FCFA.
Financée par le Conseil Hévéa-Palmier à Huile-Coco (CHPC) et élaborée par le BNETD, cette stratégie marque une étape décisive dans la modernisation d'une industrie qui emploie plus de 220 000 personnes et mobilise 45 000 exploitants à travers le pays. Avec 350 000 hectares de plantations et une production annuelle avoisinant 500 000 tonnes d'huile de palme brute (CPO), la Côte d'Ivoire occupe déjà le rang de deuxième producteur africain et septième mondial.
Mais derrière ces chiffres flatteurs se cachent des défis structurels. Les vergers vieillissants, la faible productivité des plantations villageoises, la précarité foncière et l'accès limité à des financements adaptés fragilisent la filière. À cela s'ajoutent les exigences croissantes de durabilité et de traçabilité imposées par les marchés internationaux, ainsi que la concurrence accrue des huiles asiatiques et les campagnes de dénigrement contre l'huile de palme.
C'est pour répondre à ces défis que le gouvernement ivoirien mise sur une feuille de route ambitieuse articulée autour de cinq axes stratégiques, dont deux transversaux. Plus de 60 % des investissements seront consacrés à la restructuration et à la replantation des vergers villageois, tandis que les autres axes visent à renforcer la compétitivité commerciale, la durabilité environnementale et la mise en place de mécanismes de financement adaptés aux réalités du secteur.
Le représentant du ministère, saluant le “ caractère scientifique et rigoureux” de l'étude, a insisté sur la nécessité d'une synergie forte entre acteurs publics et privés pour garantir le succès de la mise en œuvre. Le CHPC, en finançant ce processus, souhaite établir une vision partagée et consensuelle, fondée sur le nouveau zonage agricole récemment validé.
À travers cette stratégie, la Côte d'Ivoire affirme sa volonté de bâtir une filière du palmier à huile non seulement performante et résiliente, mais aussi créatrice de richesses équitablement réparties. Une vision qui, si elle se concrétise, pourrait repositionner durablement le pays comme référence africaine en matière d'agriculture durable et de compétitivité agro-industrielle.
Notons qu'aucune précision n'a été fournie pour l'instant sur les modalités concrètes de mobilisation des ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de cette stratégie.
Fanuelle YAO
La Rédaction
Publié le 07/10/25 16:40