Le Ghana veut renouer avec son âge d'or textile. En effet, le ministère en charge du Commerce, de l'Agroalimentaire et de l'Industrie a présenté ce 6 août à Accra, la capitale, un plan décennal de relance, chiffré à 2 milliards de dollars, soit 1 123,2 milliards FCFA, pour transformer un secteur en déclin, en moteur stratégique d'emplois.
La nouvelle politique prévoit la création de plus de 150 000 emplois directs et indirects, l'injection de 1,2 milliard de dollars d'investissements frais et une activation de la culture cotonnière de 15 000 à 50 000 hectares cultivés, afin de bâtir une chaîne de valeur intégrée, de la fibre au vêtement fini, relèvent plusieurs sources locales.
Parmi les leviers annoncés, figurent des incitations fiscales et douanières pour les nouveaux investisseurs, la création de cinq parcs industriels dédiés, équipés en énergie, eau et traitement des déchets, la création de deux fonds, dont l'un dédié à la modernisation du textile et l'autre au développement du coton. En outre la mise en place de programmes de formation subventionnés couvrant salaires et charges pour les entreprises embauchant massivement. Et enfin, la simplification des procédures douanières et le plaidoyer pour une prolongation de l'AGOA, permettant un accès préférentiel au marché américain.
Autrefois deuxième employeur du pays après l'agriculture, l'industrie textile ghanéenne comptait dans les années 1970, 16 usines de taille moyenne à grande et plus de 130 fabricants de vêtements. Quatre grands acteurs subsistent aujourd'hui, des fragilités de décennies de désengagement public, une concurrence asiatique féroce et un déficit chronique d'infrastructures modernes.
Pour le gouvernement, il s'agit aussi de regagner du terrain face aux géants de la fast fashion comme Shein ou Temu, qui inondent le marché de produits à bas coût. Les autorités veulent stimuler la production locale, réduire la dépendance aux importations et offrir des débouchés aux agriculteurs de la ceinture cotonnière comme aux ouvriers des zones industrielles en déclin. Si l'ambition est claire, la réussite dépendra de la capacité du pays à passer de l'intention à l'exécution. Avec un horizon fixé à 2033, Accra joue une partie serrée pour faire du textile non plus un vestige de gloire passée, mais un pilier de son avenir industriel.
Narcisse Angan
Publié le 09/08/25 09:35