La République du Congo a signé avec la Banque africaine de développement (BAD) un accord de don de 602 000 dollars destiné à financer un projet de rebasage des comptes nationaux. L'annonce a été faite au début du mois d'août à Brazzaville, en présence du ministre de l'Économie, de la Planification et de l'Intégration régionale, Ludovic Ngatse, et du directeur général de la BAD pour l'Afrique centrale, Léandre Bassole.
Ce financement, issu du Fonds d'assistance technique de la Banque pour les pays à revenu intermédiaire, permettra d'actualiser l'année de base servant au calcul des indicateurs économiques. Jusqu'ici, le Congo utilise l'année 2005 comme référence pour évaluer la taille et la structure de son économie. Or, cette base, devenue obsolète, ne reflète plus les réalités actuelles d'un pays marqué ‘'par de profondes mutations, notamment l'essor du numérique, l'expansion des services financiers digitaux, le rôle croissant de l'économie informelle et l'émergence de nouveaux secteurs comme les télécommunications ou les institutions à but non lucratif'', souligne le communiqué publié par la BAD.
Le projet consiste donc à adopter le Système de comptabilité nationale de 2008 (SCN 2008), norme internationale qui offre une meilleure mesure de la richesse produite. Il prépare également le terrain à la transition vers le SCN 2025, récemment adopté par les Nations unies, qui introduit les biens et services environnementaux dans le calcul de la richesse nationale. Pour un pays comme le Congo, dont les ressources naturelles constituent un pilier essentiel de l'économie, cette évolution est particulièrement pertinente.
En lançant ce chantier, Brazzaville veut s'assurer que son produit intérieur brut reflète sa véritable valeur. ‘'Ce projet vise à garantir que le PIB du Congo reflète sa véritable dimension'', a déclaré le ministre Ludovic Ngatse lors de la signature de l'accord. Selon lui, une fois le rebasage réalisé, certains indicateurs macroéconomiques s'amélioreront mécaniquement.
En particulier, le ratio dette/PIB pourrait connaître une baisse significative, ‘'ce qui renforcerait la transparence du pays et améliorerait sa crédibilité vis-à-vis des partenaires financiers'', souligne les autorités congolaises. Cette révision ouvrirait également de nouvelles perspectives pour mobiliser des ressources de développement, en améliorant le profil de risque du Congo sur les marchés internationaux.
L'impact attendu dépasse le simple calcul du PIB. Le passage à une année de base plus récente devrait entraîner une révision à la hausse du PIB nominal, ce qui réduira le poids relatif de la dette et du déficit publics, deux indicateurs scrutés de près par les bailleurs de fonds pour évaluer la soutenabilité de la dette. Avec des données plus précises, le Congo espère renforcer la confiance des investisseurs et accéder à des financements à des conditions plus favorables.
Du côté de la Banque africaine de développement, ce projet est perçu comme un levier essentiel pour améliorer la gouvernance économique. ‘'Des données économiques crédibles sont essentielles pour piloter et mettre en œuvre des politiques publiques efficaces'', a souligné Léandre Bassole.
Pour lui, cette opération permettra d'ancrer les choix économiques du Congo dans la réalité actuelle, d'accroître sa visibilité auprès des investisseurs et d'intégrer davantage les critères de durabilité et de protection de l'environnement dans la mesure de la richesse nationale.Le projet sera mis en œuvre sur une période de dix-huit mois.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 18/08/25 11:48