COURS | GRAPHIQUES | ACTUS | FORUM |
Le Ghana obtient l'aval technique du FMI pour poursuivre son programme économique soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC), malgré une fin d'année 2024 marquée par de lourds dérapages budgétaires. Un versement de 370 millions de dollars est désormais conditionné à l'approbation du Conseil d'administration.
Le Ghana poursuit sous surveillance son programme de redressement économique. À l'issue d'une mission à Accra conduite du 2 au 15 avril un accord a été trouvé entre les services du FMI et les autorités ghanéennes sur la quatrième revue du programme triennal de réformes soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC). Ce programme de 3 milliards de dollars, approuvé en mai 2023, est un pilier essentiel du redressement financier du pays. Une fois la revue validée par le Conseil d'administration du FMI, le Ghana pourra débloquer environ 370 millions de dollars, portant le total des décaissements à 2,36 milliards de dollars.
Renforcer la discipline budgétaire
Malgré une croissance plus élevée que prévu en 2024, tirée notamment par les secteurs minier et des infrastructures, et une amélioration marquée de la balance extérieure, le programme a connu une détérioration significative en fin d'année. L'origine de ce décrochage : des dérives budgétaires à l'approche des élections générales, avec une forte accumulation de dette et une inflation qui a largement dépassé les objectifs fixés. Le déficit budgétaire primaire (hors remboursement de la dette) ressortirait en effet 3,25 % bien loin de l'excédent de 0,5 % visé dans le cadre du programme. En outre, plusieurs réformes clés, notamment dans les domaines budgétaire, énergétique et de gouvernance, ont également été retardées, affaiblissant la performance globale du programme.
Vu l'urgence, les nouvelles autorités ont rapidement engagé des mesures correctrices. Le budget 2025, récemment adopté, cible désormais un excédent primaire de 1,5 % du PIB, et s'accompagne d'un renforcement de la discipline budgétaire, d'un audit des engagements passés, et de réformes dans la gestion des finances publiques et des marchés publics.
Sur le plan monétaire, la Banque du Ghana a relevé son taux directeur et engagé une révision de ses mécanismes de gestion des liquidités. Le resserrement conjoint des politiques budgétaires et monétaires devrait, selon le FMI, contribuer à ramener l'inflation sur une trajectoire descendante.
Les discussions ont également porté sur la reprise des ajustements trimestriels des tarifs de l'électricité, un point de friction politique mais jugé crucial par les partenaires techniques pour résorber le déficit chronique du secteur énergétique. Combinée aux réformes structurelles en cours, cette décision vise à stopper l'accumulation d'arriérés et à restaurer la viabilité du secteur.
Le programme de réformes structurelles reste, lui, centré sur l'amélioration de la gouvernance, de la transparence fiscale, et sur une meilleure gestion des entreprises publiques, notamment dans les secteurs de l'or, du cacao et de l'énergie. La recapitalisation progressive des banques publiques se poursuit également, un signal fort pour la préservation de la stabilité financière.
Poursuivre les négociations avec les créanciers commerciaux
Enfin, les autorités ghanéennes ont réaffirmé leur engagement à finaliser la restructuration globale de la dette publique. Le protocole d'accord avec le Comité des créanciers officiels (OCC) a été signé dans le cadre du Cadre commun du G20, et les discussions bilatérales sont en cours. Des pourparlers restent ouverts avec les créanciers commerciaux afin d'assurer un traitement équitable et compatible avec les paramètres du programme.
L'approbation finale du Conseil d'administration du FMI, attendue dans les prochaines semaines, permettra non seulement le déblocage de nouveaux fonds, mais servira aussi de baromètre pour les investisseurs internationaux, qui scrutent de près la trajectoire budgétaire et les perspectives de viabilité de la dette du pays.
En 2025, le Ghana devra convaincre que la dynamique de redressement est bien enclenchée. La pression est désormais sur le gouvernement pour livrer des résultats concrets, et éviter que la rigueur budgétaire ne se heurte à la réalité politique du terrain.
La Rédaction
Publié le 15/04/25 14:44
Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis en cliquant sur les boutons ci-dessous :