Le projet de loi de finances 2026 du Gabon affiche une enveloppe record de 7233 milliards FCFA, mais une lecture attentive révèle une marge budgétaire d'à peine 91 milliards FCFA. En clair, après déduction des dépenses de fonctionnement (3 569 milliards FCFA) et des recettes nettes (3 664 milliards), l'État ne dispose que de 1,2% de flexibilité pour affronter les imprévus. Dans un pays confronté à des besoins sociaux massifs et des infrastructures à moderniser, cette marge est dérisoire et rend l'économie nationale extrêmement vulnérable aux chocs externes.
Cette situation traduit un paradoxe. En effet, en dépit d'un budget colossal le Gabon se retrouve miné par ses propres rigidités. Plus de la moitié des recettes est absorbée par la masse salariale et le service de la dette, ce qui réduit l'espace disponible pour les investissements productifs. La volatilité des recettes pétrolières crée une incertitude permanente, d'autant que le Gabon s'est engagé à diversifier son économie pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures. Dans ces conditions, les marges de manœuvre risquent de s'évaporer rapidement si la croissance annoncée de 7,9% en 2026 ne se matérialise pas.
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Pour compenser ce manque d'oxygène, l'État prévoit un recours massif à l'endettement. Près de 3 213 milliards FCFA devront être mobilisés sur les marchés financiers régionaux et internationaux. Cette dépendance accentue les risques de surendettement et limite la souveraineté budgétaire, alors même que les créanciers sont de plus en plus attentifs à la soutenabilité des finances publiques africaines. Un resserrement des conditions de financement, notamment sur le marché régional BEAC, pourrait rapidement fragiliser ce schéma.
À terme, la seule issue pourrait bien être une réallocation courageuse et rigoureuse des ressources publiques et une optimisation drastique des dépenses de fonctionnement. Sans une réforme profonde de la gestion budgétaire et sans un meilleur rendement fiscal, le Gabon restera prisonnier d'un cercle vicieux avec des budgets records affichés, mais des marges réelles toujours réduites, laissant planer l'ombre d'une asphyxie financière.
Communiqué
Publié le 17/09/25 11:51