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Les transferts de fonds de la diaspora, véritables bouées de sauvetage pour des millions de familles et piliers essentiels de nombreuses économies en développement, sont malheureusement grevés par des coûts prohibitifs. Une analyse récente menée par Plasma, une blockchain spécifiquement conçue pour les stablecoins, met en lumière cette réalité mondiale. Elle révèle que le Sénégal figure parmi les pays où l'envoi d'argent est le plus onéreux, se classant au troisième rang mondial et, de fait, au premier rang en Afrique de l'Ouest.
Pourquoi les migrants paient un prix exorbitant ?
Les travailleurs expatriés supportent des frais excessifs pour acheminer des fonds vers leurs pays d'origine. Cette situation multifactorielle trouve ses racines dans une concurrence souvent limitée entre les prestataires de services, une visibilité des prix insuffisante qui entrave la capacité des consommateurs à comparer efficacement les offres, et, dans certains cas, des systèmes de paiement sous-développés qui ne favorisent guère l'efficience. Ce cocktail crée un environnement où les frais de transaction peuvent absorber une part conséquente des sommes envoyées.
À l'échelle mondiale, l'exemple de la Tanzanie illustre cette problématique de manière spectaculaire, affichant un coût moyen astronomique de 115 dollars pour un transfert de fonds de 200 dollars. Cela représente plus de la moitié du montant total transféré, une ponction colossale directement attribuable à la domination du marché par quelques grandes banques, qui maintiennent des coûts de transaction élevés en l'absence de réelle concurrence.
Le Sénégal dans le top 3 des pays les plus chers avec un coût de 17,5% du transfert
Cette problématique des coûts élevés n'est pas l'apanage de la Tanzanie. L'Afrique est particulièrement touchée, avec sept des 15 pays les plus coûteux pour l'envoi de fonds situés sur le continent. Et c'est en Afrique de l'Ouest que la situation du Sénégal interpelle vivement les analystes. Le pays se positionne comme la troisième destination la plus chère au monde, avec un coût moyen de 35 dollars pour un transfert de 200 dollars. Cela représente un prélèvement de 17,5% du montant total envoyé, une part colossale qui ne parvient jamais aux familles bénéficiaires.
Pour les centaines de milliers de Sénégalais de la diaspora, chaque dollar envoyé représente des efforts et des sacrifices considérables. Voir une part aussi importante de ces fonds absorbée par des frais de transfert est une source de frustration majeure et un frein direct au pouvoir d'achat des familles. Cette ponction réduit d'autant la contribution économique vitale des transferts de fonds au développement national, qui représentent une part significative du PIB et un levier d'investissement pour de nombreux foyers.
Une efficience à améliorer pour un impact maximal
Outre la question du prix, l'efficacité des transferts est également un enjeu crucial. À l'échelle mondiale, 32% des envois de fonds prennent un jour ou plus pour atteindre leur destination. Cette lenteur, combinée aux coûts élevés, complique la gestion financière des ménages receveurs qui peuvent avoir des besoins urgents.
Face à ce constat, les autorités sénégalaises et les acteurs du marché ont un rôle primordial à jouer. L'intensification de la concurrence par l'entrée de nouveaux opérateurs, notamment ceux qui s'appuient sur les technologies numériques (mobile money, fintechs), l'amélioration de la transparence des prix et l'éducation des consommateurs pour qu'ils comparent les offres, sont des pistes essentielles.
Les stablecoins, une solution prometteuse
Dans ce contexte, les stablecoins émergent comme une solution prometteuse. D'après l'analyse de Plasma, ces crypto-monnaies, dont la valeur est arrimée à des actifs stables comme le dollar américain, offrent un moyen beaucoup plus rapide et plus rentable d'envoyer de l'argent au-delà des frontières. Leur nature numérique permet de contourner les intermédiaires traditionnels et de réduire significativement les frais.
La Banque mondiale estime que si les coûts de transfert étaient réduits de seulement cinq points de pourcentage par rapport à la valeur envoyée, les personnes recevant de l'argent dans les pays en développement bénéficieraient de 16 milliards de dollars supplémentaires chaque année. Pour le Sénégal et sa diaspora, l'adoption de solutions innovantes comme les stablecoins pourrait transformer la donne, libérant un potentiel économique immense en assurant que chaque dollar durement gagné parvienne intégralement à sa destination
Mamadou Diao BARRY
La Rédaction
Publié le 18/06/25 13:13
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