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Le Fonds monétaire international (FMI) et les autorités tchadiennes sont parvenus à un accord de principe sur un nouveau programme économique de quatre ans, adossé à une Facilité élargie de crédit (FEC) d'un montant de 630 millions de dollars US, soit environ 365,5 milliards de FCFA. Ce programme vise à accompagner la mise en œuvre du Plan national de développement "Tchad Connexion 2030", dans un contexte marqué par des défis budgétaires persistants et un environnement régional instable.
Conduit par Julien Reynaud, le chef de mission du FMI, un groupe d'experts s'est rendu à N'Djamena du 5 au 16 mai pour des discussions approfondies avec les autorités tchadiennes. L'accord, qui reste soumis à l'approbation du conseil d'administration du FMI et à l'obtention des assurances de financement nécessaires, ambitionne de renforcer les bases macroéconomiques du pays tout en finançant les priorités sociales et infrastructurelles du nouveau plan de développement.
Le programme vise à ramener le déficit budgétaire moyen à 1,5 % du PIB sur la période 2025-2029, en augmentant les recettes non pétrolières et en rationalisant les dépenses. Des réformes fiscales et douanières sont prévues, incluant la digitalisation des services, une meilleure gestion des arriérés et un encadrement strict des dépenses publiques. L'objectif est de dégager un espace budgétaire pour financer les investissements sociaux et les transferts ciblés.
Le FMI souligne l'importance d'étendre les programmes de transferts monétaires et d'alimentation scolaire, ainsi que ceux liés à l'identification sociale, afin de mieux cibler les populations vulnérables. Ces mesures devraient contribuer à une croissance plus inclusive et résiliente.
Au cœur du programme figure également un engagement renforcé en faveur de la gouvernance et de la transparence. Un audit sur les recettes pétrolières est attendu, de même qu'un diagnostic approfondi sur la gouvernance économique et financière. Le gouvernement entend par ailleurs accélérer les réformes dans le secteur bancaire, notamment en préparant une restructuration des banques publiques.
Le programme vise également à améliorer le climat des affaires, à renforcer la décentralisation, à lutter contre la corruption et à intégrer les considérations liées au changement climatique dans les politiques publiques.
Après une croissance estimée à 5 % en 2023, l'économie tchadienne aurait ralenti à 3,5 % en 2024, selon les estimations du FMI. La croissance devrait poursuivre à un rythme modéré en 2025 (3,3 %), avant d'accélérer graduellement, à condition que les réformes soient appliquées et que les chocs externes restent contenus.
Le FMI avertit toutefois que les perspectives restent fragiles, en raison des conflits régionaux, de la baisse des prix du pétrole et de la contraction de l'aide extérieure.
Le soutien du FMI devrait également servir de catalyseur pour mobiliser des ressources supplémentaires auprès d'autres partenaires techniques et financiers. La mission du FMI a tenu des rencontres avec de nombreux interlocuteurs nationaux, notamment le ministre d'État chargé des Finances, Tahir Hamid Nguilin, la ministre du Pétrole Ndolenodji Alix Naimbaye, ainsi que des représentants de la BEAC, de la Cour des comptes, de l'INSEED, de l'IGF, de la SHT, de l'AILC, et de la société civile.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 23/05/25 10:22
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