Les cryptomonnaies, une menace pour la stabilité financière internationale ?

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Créée en 2009, la première cryptomonnaie, qui se définit comme une devise numérique indépendante des banques centrales, fut une réponse à la perte de confiance observée des investisseurs envers la monnaie traditionnelle au lendemain de la crise financière mondiale de 2008.

Au nombre de 9 000 aujourd'hui, ces monnaies dont l'essor a été fulgurant grâce notamment aux services financiers novateurs qu'elles proposent, inquiètent. Les cryptomonnaies sont en effet un moyen sécurisé d'échanger de l'argent, y compris dans des régions du monde jusqu'ici non bancarisées, grâce au protocole de la blockchain qui est une sorte de grand livre comptable sur lequel est inscrit l'ensemble des transactions entre les individus.

En outre, la valeur globale de marché des cryptomonnaies en circulation a dépassé les 2 000 milliards de dollars en septembre 2021, soit 10 fois plus que début 2020, avec en parallèle tout un écosystème qui se met en place, composé de bourses, de portefeuilles électroniques, de "mineurs" et d'émetteurs de cryptomonnaies stables.

L'émergence de ce type monnaie est-elle vraiment sans risque pour la stabilité du système financier mondial ?

C'est sur cette problématique que s'est penchée la dernière édition du rapport sur la stabilité financière dans le monde du Fonds monétaire international, publiée ce mois d'octobre 2021.

Sans ambages, l'institution de Bretton Woods affirme que ces nouvelles possibilités offertes par les cryptomonnaies s'accompagnent de défis et de risques.

De prime abord, elle souligne que les entités que renferme l'écosystème qui entoure les cryptomonnaies présentent des faiblesses au niveau de leurs pratiques opérationnelles, de gouvernance et de risque.

A cet effet, le rapport a révélé les perturbations considérables qu'ont connu les bourses de cryptomonnaies au cours d'épisodes de turbulences sur les marchés, tout comme les retentissantes affaires de piratage informatique qui ont abouti au vol des fonds placés par les usagers.

De plus, les risques pour les consommateurs restent élevés, car les dispositifs de transparence et de surveillance sont insuffisants ou inadaptés. C'est ce qui explique notamment la disparition mystérieuse de près de 7 000 cryptomonnaies, alors qu'elles étaient 16 000 à être cotées contre 9 000 actuellement, dont nombre d'entre elles enregistrent des volumes d'échange nuls.

Ce constat conforte l'idée selon laquelle certaines cryptomonnaies ont été créées exclusivement à des fins de spéculation, voire de fraude pure et simple.

L'adoption des cryptomonnaies dont le volume des transactions a fortement augmenté dans les pays émergents et en développement en 2021, pourrait poser des problèmes considérables en accentuant la "cryptoïsation" de l'économie qui est l'abandon des monnaies traditionnelles au profit des cryptomonnaies.

La "cryptoïsation", selon le rapport, risque en effet d'entraver la capacité des banques centrales à mettre efficacement en œuvre la politique monétaire. Elle risque également de déstabiliser le système financier, par exemple en créant des risques de financement et de solvabilité associés à des asymétries de devises.

Les menaces pour la politique budgétaire seraient aussi réelles, étant donné le potentiel des cryptomonnaies en matière de fraude fiscale.

Par ailleurs, le seigneuriage qui représente les intérêts qui découle de la frappe d'une monnaie, pourrait aussi pâtir de l'essor des cryptomonnaies, tout comme l'augmentation de la demande de cryptomonnaies qui pourrait également favoriser des sorties de capitaux, avec des conséquences sur le marché des changes.

Enfin, étant donné la grande quantité d'énergie qu'elles nécessitent, le minage des cryptomonnaies – l'opération consistant à valider une transaction réalisée en devise virtuelle en cryptant les données et en l'enregistrant dans la blockchain – dans les pays émergents ou en développement pourrait avoir des effets non négligeables sur leur consommation intérieure d'énergie, en particulier dans les pays qui subventionnent les dépenses en énergie.

En France, par exemple, le montant de l'électricité exigée pour le minage d'un unique Bitcoin serait estimé à environ 6 900 euros, soit 4,53 millions FCFA.

Voir aussi - Le cours du Bitcoin atteint le montant record de 66 000 dollars

En somme, pour tirer avantage des cryptomonnaies tout en remédiant aux facteurs de vulnérabilité qu'elles représentent, le rapport recommande aux dirigeants du monde entier de prendre des mesures rapides, décisives et bien coordonnées au niveau mondial.

Dr Ange Ponou

Publié le 21/10/21 16:50

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