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Alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), le groupe néerlandais Heineken a annoncé avoir perdu la main sur plusieurs de ses installations dans les zones en proie aux violences armées. L'entreprise a retiré tout son personnel des sites concernés et suspendu l'ensemble de ses activités dans cette région stratégique pour son implantation africaine.
Depuis plusieurs mois, les combats entre l'armée congolaise et les groupes armés, notamment le M23, ont fragilisé l'environnement sécuritaire autour de Goma, Bukavu et Uvira, trois villes clés pour les opérations de Bralima, la filiale congolaise de Heineken. Déjà en mars, l'entreprise avait gelé ses activités sur place, évoquant des pillages et des dommages causés à ses installations. Mais les événements récents marquent un tournant plus critique.
‘'Les conditions ne permettent plus d'assurer une présence responsable et sécurisée sur ces sites. Depuis le 12 juin, nous avons perdu le contrôle opérationnel à Goma, Bukavu et dans les zones alentour'', a déclaré Heineken dans un communiqué diffusé vendredi.
Les sites désormais aux mains de groupes armés incluent notamment ceux de Bukavu, l'un des plus importants centres de production du groupe en RDC. Avant la crise, ces installations faisaient vivre directement ou indirectement près de 1 000 personnes. La société affirme avoir évacué tout le personnel encore présent sur les lieux, tout en maintenant un soutien financier à ses employés affectés.
Heineken, qui commercialise en RDC ses marques phares telles que Primus, Amstel et sa bière éponyme, reste active dans les régions non affectées par le conflit. Toutefois, cette perte de contrôle dans l'est du pays représente un coup dur : les villes concernées représentaient à elles seules près d'un tiers de ses opérations nationales.
Avec ses plus de 100 millions d'habitants, la RDC est un marché de poids pour la multinationale néerlandaise. Le pays contribue à une part significative du chiffre d'affaires de la zone Moyen-Orient et Afrique, qui représente environ 14 % des revenus globaux du groupe.
La montée des tensions dans l'est du Congo cette année, marquée par une avancée fulgurante du M23, alimente les inquiétudes quant à une nouvelle phase d'escalade du conflit. Kinshasa continue d'accuser le Rwanda de soutenir les rebelles, notamment en leur fournissant des armes et des troupes. Kigali rejette ces accusations.
Dans ce contexte volatile, une éclaircie diplomatique semble toutefois se dessiner. Mercredi, les gouvernements congolais et rwandais, accompagnés par les États-Unis, ont annoncé avoir paraphé un projet d'accord de paix. La signature officielle est attendue dans les jours à venir.
Pour l'heure, Heineken dit suivre la situation de près et procéder à une évaluation continue de ses options. La sécurité de ses employés, assure l'entreprise, reste la priorité absolue.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 20/06/25 17:25
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