En une décennie, une initiative lancée par Goldman Sachs et l'IFC (Société financière internationale), filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, a bouleversé l'accès au financement pour les femmes entrepreneures dans les marchés émergents.
Le Women Entrepreneurs Opportunity Facility (WEOF), créé en 2014, vient de clore un cycle qui aura mobilisé 3,17 milliards de dollars, dépassant de cinq fois son objectif initial et bénéficiant à plus de 267 000 entrepreneures dans 59 pays.
Le WEOF est né d'une conviction simple : l'économie mondiale ne peut se priver du potentiel des femmes à la tête de petites et moyennes entreprises. En dix ans, ce dispositif a permis non seulement d'injecter des ressources financières massives, mais aussi de démontrer que le financement ciblé des entreprises féminines est à la fois viable et rentable.
‘'Dix années de données montrent qu'investir dans les femmes génère des rendements élevés, stimule la croissance et transforme leurs communautés'', souligne Asahi Pompey, responsable mondiale de l'engagement des entreprises chez Goldman Sachs.
Des résultats tangibles et mesurables
Les chiffres confirment l'ampleur de l'impact. Plus de 8,2 milliards de dollars de prêts cumulés ont été accordés aux entrepreneures, entraînant une progression de 57% des portefeuilles de crédits destinés aux PME féminines. Au-delà des volumes financiers, le programme a généré une transformation structurelle.
Des projets innovants ont vu le jour, comme le premier programme de financement du commerce obligataire de genre, ou encore un fonds d'emprunt spécifiquement conçu pour les entrepreneures.
Des histoires individuelles traduisent cette dynamique. Au Burkina Faso, Mamounata Velegda a pu agrandir son usine de transformation de semences, créant plus de 300 emplois. En Mongolie, Munkhtsetseg Jadambaa a lancé une entreprise de fabrication de baignoires qui alimente désormais la moitié du marché résidentiel local.
Le succès du WEOF repose sur une combinaison de leviers. Les partenariats avec 107 institutions financières ont ouvert l'accès au capital, tandis que des services de conseil et des programmes de formation ont renforcé les capacités des entrepreneures. Le recours au financement mixte, aux incitations liées à la performance et au partage des risques a permis d'atténuer les réticences des prêteurs traditionnels. Enfin, l'usage de données ventilées par sexe a contribué à mieux comprendre les besoins et à concevoir des produits adaptés.
‘'Financer les entreprises dirigées par des femmes à grande échelle est non seulement possible, mais aussi rentable'', insiste Mohamed Gouled, vice-président de l'IFC.
Si les acquis sont significatifs, les défis restent immenses. Plus de 700 millions de femmes dans le monde n'ont toujours pas accès à un compte bancaire, et l'écart de financement entre les sexes demeure béant. Pour l'IFC et Goldman Sachs, la mission du WEOF doit désormais servir de tremplin à une mobilisation plus large de la communauté internationale afin de faire de l'investissement dans les femmes une norme de développement.
La Rédaction
Publié le 17/09/25 16:43