Mali : L’État met en vente une tonne d’or de Loulo-Gounkoto pour relancer la mine

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L'État malien prévoit de vendre une tonne d'or provenant du stock du complexe Loulo-Gounkoto de Barrick Mining afin de financer la reprise des opérations du site et de couvrir les salaires, le carburant et les dettes envers les sous-traitants, après près de six mois d'arrêt. L'administrateur judiciaire Soumana Makadji, ancien ministre de la Santé, désigné par les autorités maliennes pour diriger provisoirement la mine, a pris cette décision alors que l'usine a redémarré en début de semaine, amorçant un retour progressif à la production.

Cette vente devrait rapporter environ 107 millions de dollars et constitue l'une des premières mesures fortes depuis que le complexe a été placé sous administration provisoire le 16 juin, à la suite d'un jugement du tribunal de Bamako. Barrick avait suspendu ses activités en janvier après que le gouvernement malien avait bloqué ses exportations et saisi trois tonnes d'or, dans un contexte de conflit aigu sur la fiscalité minière et la réforme du code minier adoptée en 2023. Ce nouveau cadre légal renforce la part de l'État dans les revenus miniers et augmente la fiscalité des opérateurs étrangers, une évolution que Barrick juge rétroactive et contraire aux conventions existantes.

La société canadienne a engagé une procédure d'arbitrage international et assure vouloir utiliser " toutes les mesures légales " pour défendre ses intérêts et protéger ses investissements. " Nous ne pensons pas que l'administrateur et ses conseillers soient en mesure de gérer cette mine ", a déclaré Mark Bristow, directeur général de Barrick, qui craint que cette gestion provisoire ne nuise gravement aux perspectives à long terme du complexe. Barrick, dont Loulo-Gounkoto représente la deuxième source de revenus après la mine de Carlin au Nevada, a d'ailleurs retiré la contribution du site de ses prévisions de production pour 2025.

Malgré la relance partielle, la reprise s'annonce difficile. Selon plusieurs sources, même si la production vient de redémarrer, il faudrait au moins quatre mois pour retrouver un rythme normal, délai qui pourrait encore s'allonger sous l'administration judiciaire. Depuis la prise de contrôle, Barrick a restreint l'accès à ses systèmes informatiques au Mali, et seuls les salariés basés à Bamako ont été payés pour le mois de juin, tandis que ceux présents sur le site restent impayés. Le retour du personnel expatrié, notamment les opérateurs de foreuses géantes australiennes, demeure incertain, plusieurs expatriés ayant quitté le pays après des tensions avec les autorités maliennes.

Au-delà du différend fiscal, se joue un enjeu stratégique majeur : le permis d'exploitation de Loulo-Gounkoto arrive à expiration en février 2026, et Bamako n'a toujours pas statué sur la demande de renouvellement déposée par Barrick il y a quatre mois. L'incertitude alimente les craintes d'une perte de contrôle par la multinationale sur l'un de ses actifs les plus stratégiques en Afrique.

Le conflit malien s'inscrit dans un contexte régional où les régimes militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso cherchent à capter une plus grande part des revenus miniers, profitant de la flambée des cours de l'or, qui ont bondi de 25 % depuis le début de l'année pour atteindre un sommet de 3 500 dollars l'once en avril. À l'inverse, des démocraties comme le Ghana ou la Côte d'Ivoire privilégient des réformes plus progressives, misant sur l'augmentation des redevances et une meilleure gouvernance. Au Ghana, le président John Dramani Mahama a notamment lancé un groupe de travail armé contre la contrebande d'or et mis en place le GoldBod, un conseil national chargé de centraliser et de sécuriser le commerce du métal précieux.

Alors que le Mali entretient le flou sur l'avenir de Loulo-Gounkoto, la vente imminente d'une partie de l'or du complexe pourrait créer un précédent lourd de conséquences pour l'industrie minière ouest-africaine, en consacrant une intervention directe de l'État dans la gestion d'un actif stratégique encore officiellement sous licence d'un opérateur privé international.

La Rédaction

Publié le 08/07/25 17:36

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